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Les métabolites organiques urinaires (MOU)

ou « Urinary Organic Acids » en anglais

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La réalisation d’analyses de selles par culture ne permet souvent qu’une vue limitée de la flore intestinale. Elle n’est pas toujours suffisamment sensible pour permettre de mettre en évidence une dysbiose bactérienne et/ou fongique. 

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Une alternative astucieuse consiste à repérer la présence de micro-organismes en quantité anormale (dysbiose bactérienne et/ou fongique) par l’identification de leurs métabolites dans les urines. L’idée consiste donc à repérer certaines molécules issues du métabolisme fongique ou du métabolisme bactérien. Ces métabolites sont évacués par les micro-organismes dans la lumière intestinale, où ils font l’objet d’une absorption par la muqueuse de l’intestin grêle. S’agissant de molécules peu réactives, en principe non modifiées par les enzymes humaines, elles sont excrétées par voie urinaire où nous les y dosons.

http://labo-barla.eu/wp-content/uploads/2019/10/fiche-MOU.pdf

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Ce profil urinaire d’une dizaine de paramètres (dont les concentrations sont rapportées à la teneur en créatinine) est indiqué en cas d’INFECTION FROIDE, avec troubles digestifs (mais aussi cutanés et généraux) consécutifs à une dysbiose intestinale rebelle (et en particulier lorsque les coprocultures sont négatives). Il est surtout orienté vers la recherche d’une infection fongique, bactérienne ou parasitaire chronique.

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Symptômes communs aux dysbioses (à prendre en compte si au moins une fois par semaine, depuis 6 mois), les symptômes sont classés par pôle organique :

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Estomac-Rate …        Brûlures d’estomac / Herpès (buccal, cutané ou génital) / Hypersensibilité aux remèdes, produits ménagers …

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Colon-Peau …

  • Peau sèche, rougeurs et prurit, eczéma / Selles ou gaz nauséabonds. Constipation ou diarrhée
  • Infections ORL fréquentes / Fatigue (physique et psychique) / Sueurs nocturnes

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Rein-Surrénales …     Chute des cheveux / Acouphènes intermittents / Dépression, baisse de la libido / Pollakiurie, infections urinaires à répétition

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Foie-VB …                 Douleur dans la région du foie / Ongles fragiles

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Cœur …                     Palpitations, épisodes de tachycardie / Maux de tête, insomnie

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— Symptômes plus particulièrement parasitaires (amibes) :

Estomac-Rate …        gingivite, parodontite (mobilité dentaire, poches)

Colon-Peau …           Diarrhée chronique, selles glaireuses / Constipation chronique, prolapsus rectal / Irritation chronique de la gorge

Foie-VB …                 Douleurs musculaires

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— Symptômes plus particulièrement bactériens (Clostridium) :

Estomac-Rate …

  • Attirance pour le sucre, prise de poids / Rougeurs, fissures de la commissure des lèvres
  • Douleurs d’estomac, résistants aux anti-acides / Douleurs fugaces des oreilles, des dents ou mâchoire

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Colon-Peau …    Démangeaison des aisselles, de l’anus / Ecoulement nasal fréquent ou nez bouché. Spasmes intestinaux parfois violents

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Rein-Surrénales …     urines d’odeur forte, parfois moussantes ou filaments

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Foie-VB …     Irritation oculaire : yeux secs, paupières inflammatoires. Humeur changeante, excitation (enfant)

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— Symptômes plus particulièrement mycosiques (Candida albicans) :

Estomac-Rate … Poids insuffisant. Intolérance à l’alcool / Aggravation ou amélioration suite d’antibiotiques

  • Brouillard intellectuel, troubles de mémoire, cherche ses mots / Maladresse, gestes imprécis, chute d’objets
  • Ecchymoses, bleus spontanés / Tremblements musculaires fins (paupières ou autre)

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Colon-Peau …

  • Fourmillements des extrémités, brûlures sous la peau / Jambes lourdes ou gonflées le soir
  • Besoin d’inspirer profondément, essoufflement à l’effort

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Rein-Surrénales …     Instabilité, sensation d’être ivre / Hypersensibilité au bruit

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Foie-VB …

  • Douleurs musculaires ou péri-articulaires migrantes, tendinites / Crampes nocturnes ou de repos, jambes sans repos
  • Flou visuel, ombres ou taches lumineuses / Hypersensibilité à la lumière

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Cœur …    Angoisses injustifiées, humeur fluctuante / Endormissement irrépressible avec sursauts, hypersomnie.

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Les troubles digestifs constatés peuvent être consécutifs à :

       Une alimentation déséquilibrée : trop riche en sucres, conserves, carnée ou au contraire végétalienne !

       Un déficit enzymatique (génétique ou post médicamenteux) ou micronutritionnel (vitamines, oligo-éléments)

       Une inflammation chronique du grêle (intolérances alimentaires ?) ou une modification durable du pH qui favorisent l’apparition de micro-organismes pathogènes.

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Les quelques 400 souches différentes de la flore intestinale représentent environ 10 puissance 14 bactéries, soit environ 700 grammes du poids total d’un adulte.

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Marqueurs bactériens :

Le genre Clostridium est un genre bactérien regroupant des bacilles gram positifs anaérobies, souvent sporulés, mobiles en général par l’intermédiaire de flagelles. Les quelque 150 espèces de bacilles sporulés anaérobies appartenant au genre Clostridium sont des germes saprophytes telluriques intervenant dans la putréfaction des déchets organiques (protéolyse et saccharolyse). Ils se trouvent en commensaux de la flore intestinale, surtout chez les herbivores, mais également chez l’homme. 

La présence en quantité excessive d’un ou de plusieurs métabolites bactériens évoque davantage une prolifération de bactéries de putréfaction appartenant au genre Clostridium.

Les bactéries consomment de préférence les acides aminés aromatiques, c’est-à-dire la phénylalanine (métabolisée en benzoates), la tyrosine (métabolisée en phénols) et le tryptophane (métabolisé en indoles).

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Test global = le D LACTATE

Le D-lactate est un produit de dégradation sur la voie lactate/pyruvate, dans le métabolisme glucidique. La présence de D-Lactate urinaire en quantité importante peut être liée à la prolifération de bactéries à métabolisme saccharolytique fermentant. Les situations cliniques pouvant être en rapport avec cet excès de D-Lactate urinaire : colonisation bactérienne chronique du grêle (CBCG ou SIBO), achlorhydrie, résection iléo-coecale, diverticules intestinaux, anse borgne, intestin court, troubles de la motilité intestinale (neuropathie du diabètique, connectivites, sclérodermie, entéropathie radique), maldigestion des sucres (insuffisance enzymatique : en lactase, fructase, dissacharidase), déficit en G6PD, syndrome de l’intestin irritable avec ou sans régime pauvre en Fodmap.

Cet excès de D-Lactate peut s’accompagné d’un équilibre acidobasique de l’organisme non optimale, de syndrome de fatigue et de récupération inefficace, de douleur musculaire, d’anomalie de métabolisme énergétique et mitochondrial.
Un excès de D-Lactate urinaire peut se voir dans d’autres situations cliniques sans rapport avec une dysbiose : diabète déséquilibré, situation post-effort physique important. 

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Phénylalanine = BENZOATES :

1/ Le « 4 OH Benzoate » 

Présence de bactéries genre Clostridium (bactérie de putréfaction) ou Echerichia coli – tyrosine dépendante – généralement sensibles au Flagyl. Signe souvent une carence en vitamine B5 (activateur de son enzyme hépatique).

NB. L’acide benzoïque est aussi apporté par des aliments tels que les prunes, le myrtilles, les airelles.

2/ L’« hippurate »

Marqueur de la détoxication hépatique et des pH intestinaux bas (passage d’acide garstrique)

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Tyrosine = PHENOLS :

1/ Le « 2-OH Phénylpropionate »

Présence de bactéries genre Clostridium ou Pseudomonas (après antibiothérapie ?). Signe souvent une carence en dopamine (acide inhibiteur de la dopa-décarboxylase)

2/ Le « 2-OH Phényl acétate »  métabolite de la Tyrosine

Présence de bactéries genre Clostridium ou de Giardia intestinalis, témoin d’une dysbiose parasitaire et bactérienne (source de malaise, fatigue, amaigrissement …). Signe souvent le déficit en vitamine C ou à une hyper perméabilité intestinale (alcool ou intolérances alimentaires ++)

3/ Le « Tricarballylate » métabolite de l’aconitate

Certaines souches bactériennes (aérobies essentiellement) produisent grâce aux hydrates de carbone consommés du tricarballylate. Cet acide a une activité chelatante et produit des complexes de magnésium, calcium et zinc – ce qui peut être à l’origine de déficit en ces micronutriments

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Tryptophane = INDOLES

L’ « Indikan » signe une putréfaction exagérée souvent liée à une digestion enzymatique peu efficiente.

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Conseils :

  1. Traiter la constipation, mangez lentement en mastiquant bien, veillez à bien boire (hydratation)
  2. Réduire les aliments riches en protéines (viandes, fromages, charcuterie, oeufs)
  3. Augmentez la consommation de fibres (légumes, fruits, céréales complètes)
  4. Utilisez un complexe pré (FOS) + probiotiques
  5. Prendre des enzymes digestives
  6. Utilisez des huiles végétales insaturées (noix, chanvre, lin, colza …)
  7. arrêtez les IPP (qui entraine une maldigestion chronique des protéines)
  8. En cas de symptomatologie inflammatoire du colon gauche ou de diarrhée chronique, il peut être efficace d’avoir recours aux médications suivantes : rifaximine, paromomycine, nifuroxazide, voire metronidazole.

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NB. Quelques espèces sont toxigènes et peuvent causer des maladies non contagieuses résultant de l’introduction accidentelle dans l’organisme du germe et de sa toxine. Les 4 principales de ces maladies sont le botulisme, le tétanos, la gangrène gazeuse et l’entérotoxémie.

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                                                                         Ci-dessus : MOU à prédominance de Clostridium

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Marqueurs fongiques :

Le « Tartarate » … Evoquera en première intention une candidose chronique ou une prolifération fongique intestinale. Son augmentation importante peut –être à l’origine d’atteinte rénale et/ou musculaire (type fibromyalgie, hypotonie…)

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Le « Citramalate » … Evoque en première intention une prolifération intestinale de levures du genre Saccharomyces – pullulation microbienne ou augmentation de la perméabilité intestinale, favorisant le passage dans la circulation de métabolites microbiens, source de malaise, fatigue, amaigrissement, parfois fièvre, par des mécanismes variés (inhibition métabolique). L’élévation de ce paramètre n’est pas spécifique d’une dysbiose uniquement fongique. Son élévation est par ailleurs très fréquemment associée à un déséquilibre de la flore intestinale micrbiotique avec excès de fermentation.

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Le « D-ARABINITOL  » … c’est un sucre-alcool produite par le Candida albicans

Une présence excessive fera suspecter une candidose aiguë (cas souvent observé chez les patients immunodéprimés)

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Le 5-OH Méthyl2 FUROATE ou du FURANE 2 CARBOXYLATE ou du FURANE 2-5 DICARBOXYLATE
Métabolites produits par Aspergillus et possiblement par d’autres espèces fongiques dans le tube digestif, comme Géotricum ?. Ces métabolites dérivent de la dégradation du furane, molécule extrêmement volatile et ubiquitaire, retrouvée en quantité importante sur certains aliments. Le processus de transformation de l’industrie agroalimentaire entraîne l’accumulation de ces « composants fantômes », substances indésirables et nuisibles (certaines réputées narcotiques et génotoxiques) formées et accumulées lors du processus de fabrication et conditionnement de l’aliment. Le furane est une molécule qui se forme lors de la chauffe de la nourriture et qui peut s’accumuler de façon importante lorsque le processus d’emballage de l’aliment est très rapide après la chauffe ex : capsules de café, purées et compotes pour petits pots pour bébé. On trouve cette molécule sur des aliments préemballés ayant subi un traitement thermique, certains contenus de boîtes de conserves métalliques et de bocaux en verre, plats préparés sous vide à réchauffer. L’oxydation du furane (processus faisant intervenir des cofacteurs métaboliques : cobalt, Manganèse, Brome), va aboutir à la formation des métabolites de dégradations, dont le Furan 2,5 dicarboxylate, Furan 2 carboxylate ou le 5OH, 3Méthyl furoate.

Ces dérivés métaboliques du furane peuvent se retrouver en excès au niveau urinaire lorsque :

— Les apports alimentaires en furane sont excessifs
— Il existe une prolifération de micro organismes biologiques possédant l’enzyme HydroxyMéthyl Furfural reductase (HMF oxireductase) comme certains Pseudomonas putida. La présence de ce microorganisme en excès au niveau du tube digestif ou sur certains aliments (fruits, légumes, pain blanc) peut, dans des conditions favorables, entraîner la présence en excès de ce métabolite au niveau urinaire.

— Une consommation excessive de fructose et/ou une incapacité de digestion du fructose par insuffisance en fructase peut être à l’origine de la présence de FDCA en excès dans les urines

— S’il existe une prolifération fongique d’Aspergillus au niveau du tube digestif : ceci peut impacter et augmenter le métabolisme du furane, entraînant l’accumulation de dérivés oxydés de ce dernier au niveau urinaire. Un excès de métabolites du furane peut être à l’origine de chélation d’oligoéléments comme le Calcium, le Cuivre ou le Plomb.

— S’il existe un contact répété avec certains solvants de l’industrie pétrochimique utilisant des dérivés du furane ; notamment les industries confectionnant des mousses ignifugeantes.

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Conseils : le traitement de ces infections fongiques est compliqué. Il passe par :

— La réduction drastique des sucres (lactose) et des céréales (pain, pâtes ..)

— Réductions des substances fermentécibles, exemple : oignons, choux …

— Corriger les les carences en Sélénium, Zinc, oligo-éléments et vitamines

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— La prise d’inhibiteurs fongiques naturels, exemple : CANDIDAPUR, complément alimentaire contenant :
De l’acide caprylique (350 mg par gélule, extrait de la noix de coco),
De l’extrait de feuilles d’olivier hautement concentré (20% d’oleuropéine),

— Eventuellement même des antifongiques chimiques … Diffucan ou Nystatine 500 000 UI par jour durant 3 semaines

— En arrêtant – bien sûr – les IPP, remplacés par un probiotique le matin

— Un apport de Glutamine est conseillé en cas de porosité intestinale (intolérances alimentaires multiples)

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Ce profil urinaire est surtout utilisé pour confirmer / infirmer une « candidose chronique », diagnostic posé trop souvent par défaut de preuve.

Prix = 125 euros (laboratoire Barbier en France)

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Cas clinique : jeune femme persuadée qu’elle présente une candidose chronique (suite à la lecture d’un livre de naturopathie en vogue !)

Bilan MOU presque entièrement normal (un peu de clostridium), excluant en tous cas l’infection fongique.

Biblio : De Preter V, Vanhoutte T, Huys G, et al. Effects of Lactobacillus casei Shirota, Bifidobacterium breve, and oligofructose- enriched inulin on colonic nitrogen-protein metabolism in healthy humans. Am J Physiol Gastrointest Liver Physiol 2007 ;292 :G358-368.

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                                                                         Autre résultat de MOU complètement normal …

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Il est bon de savoir qu’il existe une autre méthode indirecte de détermination des déséquilibres de la flore intestinale, par l’analyse des gaz expirés :

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   Hydrogen breath test

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Le test respiratoire est une technique non-invasive qui mesure les gaz exhalés permettant d’investiguer les désordres fonctionnels intestinaux. Il permet en outre de diagnostiquer une malabsorption du fructose et/ou du lactose ainsi que la détection de la prolifération bactérienne intestinale anormale (SIBO en anglais).

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Ces désordres sont souvent à l’origine d’une dysbiose intestinale c’est-à-dire d’un déséquilibre de notre flore intestinale entraînant à terme une perméabilité intestinale source de complications multiples (maladies auto immunes, troubles de l’humeur …). Les fermentations qui en découlent sont liées à des populations bactériennes qui se développent anormalement dans l’intestin grêle. Normalement la fermentation se passe dans le côlon, et très peu dans le grêle, qui est le lieu d’absorption des nutriments.

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On mesure essentiellement 5 types de composés organiques volatils (COV) :

  1. à l’hydrogène (H2)
  2. au méthylacétate : le plus acidifiant de tous (sorte de  vinaigre), propice entre autres aux candidoses.
  3. au méthane (Isobutylène) : ce composé est directement lié au méthylacétate .
  4. à l’hydrogène sulfureux : très rare, indique un état inflammatoire . (H2S, putréfaction)
  5. monoxyde d’azote (NO)

En pratique, on mesure essentiellement hydrogène et méthylacétate.

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Les bactéries qui fermentent à l’hydrogène concurrencent celles qui fermentent au méthane (elles sont « opportunistes », la nature à horreur du vide on le sait..), ainsi le traitement consiste souvent à assainir les deux types de bactéries simultanément.

La dysbiose est donc un paramètre important à mesurer de façon fiable, afin de la neutraliser avant qu’elle ne crée une atteinte fonctionnelle.

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Le Dr Bruno Donatini a travaillé avec la société GazDetect sur le MIX6-COV afin de nous permettre d’effectuer des mesures fines et précises à l’échelle du millionième de détection (soit le ppm).

http://www.bhsbrasil.com.br/Implementation%20and%20Interpretation%20of%20Hydrogen

%20Breath%20Tests.pdf

DONATINI invitation

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