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La motivation au régime

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« Toi et tes patients, vous cherchez à obtenir quoi en mangeant des légumes, des noix, des graines, en vous privant de pâtisseries, de steaks juteux et bien grillés, de frites croustillantes ? Souffrir ? Faire fuir vos amis ?? »

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Encore une excellente question envoyée par un aimable internaute, arrivé sur notre site manifestement par hasard. Que cherchons-nous ? C’est vrai : au juste, que cherchons-nous ? Eh bien, ça dépend :

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1 – Pour certains d’entre nous, victimes d’intolérances alimentaires, de maladies auto-immunes, d’allergies (au lait, aux œufs, au gluten, aux cacahuètes, au chocolat…), ce n’est pas un choix. C’est une question de survie. Manger des aliments qui nous font du mal, c’est l’œdème (gonflement) assuré, l’eczéma, la conjonctivite, des hémorragies dans les intestins, des réactions immunitaires violentes, des vomissements, parfois les urgences, voire la réanimation… Ce n’est pas un jeu ni un caprice.

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2 – Pour beaucoup d’autres, qui ont des problèmes de métabolisme (diabète, obésité), des artères abîmées (athérosclérose), des reins en insuffisance, un foie abîmé, les réactions sont moins graves et moins immédiates, mais c’est le handicap ou la mort qui les attendent rapidement s’ils cessent de manger sain. Le sucre, en particulier, est pour eux un poison qui les tue lentement, et aussi tous les aliments apparemment non sucrés qui se changent en glucose au cours de la digestion, en particulier les céréales et les féculents pourtant recommandés à toutes les sauces par les Autorités (in)compétentes en matière de nutrition. C’est une sorte d’addiction, semblable à celle de la drogue : céder une fois, c’est multiplier par dix la tentation de céder une deuxième fois, puis une troisième…

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3 – Enfin, il y a tous ceux d’entre nous qui s’efforcent de manger sain pour éviter de se rendre inutilement malades, et aussi par souci éthique, environnemental, parfois aussi de progrès spirituel.

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La prise de conscience du mal-être de la situation actuelle et la mise en place d’une véritable « dynamique du changement » est la clef du succès à long terme. En pratique, nous sommes confrontés à deux types de situations fort différentes :

  • Des personnes en surpoids récent, de 5 à 10 kg. environ, apparu à l’occasion d’un trouble de l’adaptation (MTC = Rate-pancréas) émotionnel (perte d’emploi, divorce …) ou hormonal (puberté, hormonothérapie, ménopause …), pour lesquelles le suivi diététique et biologique proposé dans cet ouvrage aura un excellent effet. Attention de ne pas vouloir supprimer arbitrairement cette adaptation (qui n’est pas une maladie) !
  • Des patients chroniquement (plus de trois ans) obèses (plus de 15 kg de surpoids), qui en plus du régime précédent, ne devront pas faire l’économie d’un accompagnement psychologique. Le suivi diététique, pourtant très efficace, devra d’ailleurs être adapté aux avancées (et reculs) de la motivation, confrontée sans cesse à la résistance au changement.

N.B. En général, les gens ne change pas d’idées ou d’habitudes. Ils ne le font que quand ils y sont obligés par des évènements physiques ou psychologiques insupportables.

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Les causes psychologiques du problème :

On ne devient pas obèse sans raisons et chaque cas est individuel, mais … nous allons essayer d’approfondir les relations :

                              Emotions –> pulsions –> nourriture

et de systématiser les différents comportements personnels et sociaux sur lesquels le surpoids se développe. L’obésité est toujours la conséquence d’un trouble des conduites alimentaires, dont la cause est une tentative d’adaptation sous-tendue par un processus psychologique proche de l’addiction, avec dénégation du réel (comme les alcooliques ou les dépendants du tabac). Le praticien doit alors savoir prendre le temps d’écouter …

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L’obésité se constitue autour d’un triple trouble :

1/ une relation à la mère particulière : interrogez sur le modèle présenté par les parents. Trouble du « narcissisme primaire »: aspect structurel, par défaut de la différentiation (soi et l’autre c’est pareil, c’est fusionné, indifférencié). Pour exister, il faut maintenir à tout prix cette fusion, quitte à « absorber » l’autre (le monde extérieur) pour ne faire qu’un (ce qui peut s’écrire : 1+1=1).

2/ une désadaptation de l’économie libidinale, avec défaut d’élaboration des pulsions. Pourqu’il y ait « pulsion », il doit y avoir :

  • un point de départ,
  • un but,
  • un moyen d’y parvenir.

Ce qui n’est possible que si l’autre existe (est hors de soi). L’homéopathe peut donc considérer les obèses comme des « tuberculiniques » (poumon) qui ont enflé pour avoir confondu l’être et l’avoir (psore), qui peuvent déprimer (luèse) et se chroniciser (sycose).

Les pulsions sont normalement de trois ordres :

  • l’oralité (MTC = Foie) : la relation au monde est limitée à l’incorporation (façon de se l’approprier) et à l’auto-érotisme (se faire du bien à soi). Quand ils ont la bouche pleine, ils ont tout, tout de suite, tout seuls, tout ensemble … » (conduite proche de l’addiction, d’autant que c’est un plaisir solitaire) !
  • l’analité (MTC = VB) : perfectionnisme, façon de garder pour soi … problématique du don (garder pour soi, afin de rester entier). Cas des boulimiques qui se font vomir (nb. peut être relié parfois à un refus du forçage de la petite enfance),
  • la génitalité (MTC = Rein): mise en action du monde. Trouble du « stade phallique »: la surcompensation sociale (importance des statuts et des rôles, pour masquer le manque de confiance et d’estime de soi ?). … cas des chefs cuisiniers obèses, qui « trans-forment » la nourriture, pour alimenter les autres.

Les obèses présentent en outre un défaut d’élaboration, c’est à dire d’imagerie mentale. Ils font dans leurs actes ce qu’ils ne peuvent faire dans leur tête (MTC = Rate).

3/ des mécanismes de défense puissants. La résistance au changement peut prendre diffé-rentes formes : la négation : « Je ne suis pas si gros que ça », l’évitement : « Mon médecin m’a dit que je suis en bonne santé », la manipulation : « Je ne mange pas plus que vous et j’engraisse, c’est injuste !».

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Les différentes solutions :

Si vous avez beaucoup de poids à perdre, comment faire en pratique me dites-vous ? D’abord trouver un thérapeute qui va vous « tenir la main ». Trois écoles existent :

A/ Le « Poids mental »

L’approche cognitivo-comportementale développée par Maurice LAROCQUE et son équipe nord-américaine a beaucoup de succès actuellement. Elle s’articule autour de l’évaluation périodique chiffrée de la motivation, à travers les habitudes alimentaires, les pensées et attitudes erronées des patients obèses. Cette approche fonctionnelle peut être effectuée périodiquement dans leurs centres spécialisés (voir : http://www.mla.ca ).

Deux brefs questionnaires informatiques (une soixantaine de questions) mettent en avant les causes actuelles des pertes d’équilibre alimentaire : mauvaises attitudes, habitudes et manque d’estime de soi, ainsi que les barrages psychologiques : vide affectif, existence d’une culpabilité et de difficultés à subir les privations de la vie et les échecs, d’où accès de colère, besoins d’alcool ou de drogue.

Le praticien doit soutenir son engagement vers le but : il « propose une cure d’épanouissement, pas d’amaigrissement« , et revoir régulièrement son patient : une fois par semaine au début si nécessaire, une visite mensuelle même au bout de cinq ans. Il doit aussi être un bon support pour les moments difficiles, en suggérant des alternatives :

« Nos erreurs constituent d’excellentes opportunités pour nous améliorer » (M. LAROCQUE).

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Le changement des habitudes passe par celui des attitudes (pensées) :

1 – identifiez les « pensées irréalistes » (injustice, humiliation, sentiment de rejet …)

2 – ne proposez qu’un changement (simple et réaliste) à la fois

3 – éliminez les « saboteurs » (personne tentatrice qui essaye plus ou moins consciemment de faire échouer le régime) … le patient doit découvrir quel est leur problème ?

4 – complimentez chaque nouveau comportement (pas le poids !)

5 – choisir une récompense qui signifie quelque chose (habit, voyage, coiffure …)

6 – recherchez les blocages émotionnels => perte de contrôle et dérives alimentaires

7 – apprenez-lui à accepter les choses que l’on ne peut pas changer.

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B/ Le « Perso-régime »

Approche structurelle développée par Alain GOLAY au centre universitaire de Genève. Elle s’appuie sur un test de personnalité (Persona – de Carl JUNG) qui va évaluer vos relations émotionnelles et de pouvoir. Ce test débouche sur un classement en quatre types de personnalités qui auront chacune des tendances différentes aux erreurs alimentaires et une facilité variable à suivre tel ou tel type de régime. Comme cette classification est proche de l’abord systémique de l’homéopathie diathésique, nous la développerons plus loin.

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C/ Les « Histoires de vie »

C’est l’approche qui a notre préférence au niveau stratégique. Il s’agit pour le patient de raconter son histoire (il peut l’écrire) avec les dates des différents évènements forts qu’il a vécus. Le but du travail est la mise en évidence d’occurrences (situations qui se répètent) et de lui en faire découvrir les raisons cachées (sens de ce qu’il veut vraiment).

Cette méthode permet de prendre de la distance, par les mots, vis à vis de ses émotions. Il cesse d’être perdu (il a une histoire, il ne la subit plus) et va pouvoir exister en harmonie avec lui-même, dans un contexte historique et social.

Là, plus encore que d’habitude, il faudra veiller à organiser la succession des consultations en trois phases :

Son HISTOIRE –> L’état actuel (bilan des compétences) –> Son PROJET

Cette pratique didactique (thérapie de changement) permet d’évacuer les anciennes repré-sentations comme des conduites d’échec (sabotages) et d’élaborer un projet, c’est à dire de le concentrer sur un objectif. Les propositions adoptées tiennent alors, car elles ont un sens pour eux, elles s’inscrivent dans leur histoire.

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Cette approche psychologique est associée dans notre pratique :

1/ à la classification homéopathique que nous développons plus loin, la prise des remèdes autorisant une réduction rapide des résistances,

2/ au profil biologique BNS, utilisé d’abord comme outil de médiation lors de la discussion :

-> il délimite les espaces respectifs du soignant et du soigné, évitant ainsi les « prises de pouvoir » (cf. appropriation narcissique du praticien),

-> il va recentrer le sujet sur son symptôme (le trouble du comportement alimentaire), quantifiant les désordres métaboliques qui constituent autant de difficultés à surmonter,

-> il objectivera les solutions abordables du projet thérapeutique, sans risque de « dérapage ».

Le praticien pourra dès lors proposer au patient d’expérimenter les solutions qui lui permettront d’aboutir à une perte confortable de masse grasse, ainsi qu’au maintien à long terme de l’équilibre obtenu.

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L’exercice physique

Il importe aussi de rappeler à la personne qui désire retrouver sa ligne et son tonus, que quelques efforts physiques restent nécessaires … Ainsi, nous l’encourageons à pratiquer une activité physique qui lui plaise (jogging, vélo ou natation …) 20 minutes, trois fois par semaine, au minimum. Outre ses effets bénéfiques sur le plan métabolique et cardiovasculaire, elle participera à améliorer l’opinion qu’elle peut avoir d’elle-même (une façon d’alimenter son narcissisme : « Je suis quelqu’un de bien, j’ai mérité de m’occuper de moi« ), ainsi qu’à réintégrer son vécu corporel (correction des troubles de l’image de son corps).

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Ne comptez cependant pas trop sur l’exercice physique seul pour perdre du poids, en effet, il faut faire 9 heures de jogging pour brûler 1 Kg. de graisse !

N’oubliez pas que le traitement de l’obésité s’organise au sein d’une prise en charge longue, où il est important d’entretenir sa motivation qui doit s’inscrire dans une démarche de santé globale.

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