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Histoire et méthodes de la répertorisation homéopathique

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« L’ambition d’une vraie recherche est d’ouvrir la voie à des questions nouvelles » H. Corbin.  

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S. Hahnemann publia dès 1805 le compte-rendu de ses 27 premières expérimentations (700 pages). Une partie regroupait les symptômes correspondants à chaque remède étudié, appelée « Matière médicale », l’autre sous forme de « Répertoire », classait tous les remèdes communs à chaque symptôme. Il n’était déjà plus possible d’espérer confier à la mémoire humaine les innombrables nuances symptomatiques de ces premiers remèdes.

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Depuis lors, nombreux ont été les cliniciens qui ont suivi la voie tracée par le maître : tout a été codifié, classé, inscrit, et nous ne pouvons qu’avoir respect et reconnaissance pour tous ceux qui ont participé depuis deux siècles à cet énorme travail qui constitue la « base de faits » homéopathique. Mais, si ce patrimoine rassemble les homéopathes à travers le monde, les philosophies divergent sensiblement dès qu’il s’agit d’en définir les protocoles d’exploitation. On peut en distinguer quatre principales tendances : 

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1/ Niveau de la pensée concrète : les répertoires nosologiques 

Ils indiquent pour chaque « maladie » les remèdes les plus susceptibles d’être prescrits. Ils sont nombreux et de valeur inégale. C’est l’outil préféré des homéopathes pluralistes qui ont une démarche qui n’est pas très éloignée de l’allopathie : à défaut de parvenir à organiser le tableau clinique, chaque symptôme a son remède ! Ils espèrent sans doute ainsi corriger successivement les différents aspects d’une dysfonction qu’ils n’ont pas réussi à mettre en évidence ? Or, dès que l’on agit sur un symptôme sans en comprendre le sens, on perd ce fragile « fil d’Ariane » qui aurait pu vous mener à la solution globale du problème. 

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2/ Niveau du raisonnement logique : les répertoires symptomatiques 

C’est le domaine des répertoires symptomatiques comme celui de J.T. Kent. Celui-ci n’est ni le plus récent, ni le plus complet (64 000 symptômes par 500 remèdes quand même !), mais c’est, par sa diffusion, une référence internationale. Les homéopathes unicistes valorisent les symptômes pour l’utilisation du répertoire, c’est à dire qu’ils hiérarchisent ceux-ci en fonction de leurs caractères rares (net, inusité, curieux, surprenant), puis des niveaux d’organisation auxquels ils se réfèrent (psychologique, fonctionnel, organique), l’ordinateur faisant le travail de tri au sein de la base de données. Un des défauts de cette méthode est l’absence de distinction entre les symptômes chroniques et les symptômes aigus, transitoires, que l’on peut attribuer au choc adaptatif. 

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Fiches perforées du répertoire de Kent de Broussalian :

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Les symptômes psychologiques et émotionnels ayant toujours une valeur discriminante supérieure : https://www.cgjung.net/espace/bernard-long-homeopathie/

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En bref, « un minimum de symptômes de valeur maximum« . Un raccourci élégant consiste à rechercher en priorité les « key-notes » (symptômes-clefs, qui par leur rareté et leur bizarrerie ne correspondant qu’a un seul remède), mais ces cas constituent l’exception. Un symptôme a d’autant moins de valeur qu’il est normal, explicable (ex.: la fatigue du matin après une nuit sans sommeil), vague, imprécis (ex. : mal de tête sans modalité particulière). 

5.4 Répertoire Homéopathique de KENT 5 ème édition -Edouard Broussalian

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3/ Niveau de l’organisation fonctionnelle : les répertoires synthétiques 

Les symptômes de chaque remède peuvent être compris comme l’expression à différents niveaux du même type de dysfonction. C’est la pensée de Boenninghausen, confrère botaniste, contemporain et ami d’Hahnemann, qui met ainsi en valeur le « génie des remèdes« . Cette philosophie de la pratique de l’homéopathie est originale, car il considère qu’il est possible qu’un remède ayant 6000 symptômes pathogénétiques par exemple, puisse se réduire à cinq ou six mots-clefs traduisant son génie thérapeutique propre (exemple : Sulfur = stagnation / chaleur localisée).

Boeninghausen   Boenninghausen

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Dans cette optique : « le dernier symptôme apparu, tant dans sa localisation que dans sa sensation, est le meilleur guide pour la sélection du remède« . Il n’existe donc qu’une différence de degré et non de nature entre les symptômes.  

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Ce point de vue synthétique, fut repris et développée par C.M. Boger. Son répertoire, publié en 1931 aux USA, comprend 224 remèdes caractérisés par environ 2 700 mots-clefs cliniques et une classification de l’action organique de chaque remède. Cette approche originale va conduire à modifier considérablement le premier temps de la consultation : inutile de remonter loin dans le temps, le praticien peut résumer son interrogatoire en quelques questions (depuis quand, comment, où, quand, comment, avec quoi ?).

Boger a rassemblé le travail de Bönninghausen et son propre travail dans le répertoire de Boger-Bönninghausen. Boger a également publié deux autres répertoires: la clé synoptique et l’analyse générale.

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Cette technique, s’avère rapide (pas de symptômes compliqués à retenir), simple (l’étude d’un cas sur dossier est même parfois possible) et néanmoins performante, dès qu’il s’agit d’un état aigu ou d’une lésion organique.  

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4/ Niveau de l’analyse systémique : le répertoire diathésique « SYNERGIE » 

Dès le début, le praticien qui utilise le répertoire enrage du temps perdu et des errances de la méthode. Choisir parmi les 64 000 symptômes du Kent est désespérant pour le débutant. L’expérience prouve que, livrés à eux-mêmes, la majorité des confrères baisse les bras. Une avancée déterminante fut la mise au point d’un auto-questionnaire : par le biais d’une arborescence logique, le patient élimine toutes les rubriques ne convenant pas et développa au contraire celles qui le concerne. Le médecin récupère alors les conclusions et n’a plus qu’à faire la synthèse du cas !  

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Nous avons adapté cette méthode à un auto-questionnaire arborisé papier (ou informatique) des 500 symptômes arborisés, qui me paraissaient les plus intéressants (une douzaine de pages). Les 500 symptômes utilisés sont regroupées autour d’une soixantaine de « mots-clefs cliniques » ce qui permet d’être systématique avec un gain de temps considérable : le praticien n’a plus qu’à contrôler avec son patient les symptômes retenus. La façon dont le patient rempli seul l’autoquestionnaire est déjà un symptôme en soi : angoissé et perfectionniste, brouillon, hésitant ou confus … Pour qu’un symptôme soit utile dans cette optique, il faut :

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1/ qu’il ne soit pas trop rare : « insiste pour se mettre à genoux derrière la queue de son cheval pour prier » est un symptôme que Kent à relevé et classé au chapitre « maladies mentales ». Je doute qu’un quelconque confrère de ce siècle puisse l’observer à nouveau,

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2/ qu’il soit suffisamment précis : le chapitre « douleurs » contient des pages entières de descriptions qui font irrésistiblement penser au personnage du docteur Knock : « Est ce que ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? ? ». De telles subtilités symptomatiques ont été développées par les confrères des siècles passés, car ils n’avaient que ça comme élément objectif (le tensiomètre et le stéthoscope ont été inventés bien après).

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3/ qu’il soit suffisamment discriminant : certains symptômes (par exemple « rhumatismes aggravés par l’humidité » comportent tellement de remèdes qu’ils ne font pas avancer le choix. 

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Le temps du difficile choix des remèdes :

Rien n’empêche, en théorie, de construire, pour chaque malade, un tableau comportant des dizaines de symptômes et tous les remèdes connus à ce jour. L’expérience montre qu’une fois classés selon leur poids, on retrouve dans les vingt premières places la plupart des  Polycrests (« Ces remèdes dont les symptômes sont analogues avec une des maladies dont l’homme est le plus fréquemment atteint » S. Hahnemann). Ces remèdes ont été beaucoup expérimentés : ils ont chacun plus de 1000 symptômes, alors que des centaines d’autres remèdes en ont moins de 500. Rien ne nous permet à priori d’affirmer que la guérison de chaque malade doit passer par la prescription d’un polycrest : c’est un peu l’histoire de l’arbre qui cache la forêt !  

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Pour éviter cet écueil, notre logiciel SYNERGIE effectue une  triple répertorisation dont les résultats vous sont présentés sous forme de grilles : 

  1. La première hiérarchisant les plus actifs des Polycrests (sur les 25 proposés par P. Kollitsch), 
  2. La seconde liste est composée les premiers des 200 remèdes Satellites de la MM (avec la référence de la famille thérapeutique à laquelle chacun appartient). Remèdes d’action peut-être plus limitée, mais souvent très efficaces sur certains des symptômes dont est venu se plaindre votre malade. 
  3. La troisième, présente les plus actifs des Nosodes et Stock-nosodes, qui se révéleront utiles pour une éventuelle situation de vide d’un élément (la « levée des barrages » des auteurs classiques). 

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Le logiciel SYNERGIE 2000 était destiné aux praticiens qui voulaient utiliser une méthode moderne de répertorisation homéopathique. Longtemps disponible en programme autonome sur PC et Mac, il n’est malheureusement plus proposé (trop gros frais de mise à niveau)! D’autant que de nombreuse applications sur smartphones sont à présent disponibles !

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Un autre petit répertoire, celui de R. Séror, basé sur le Boger : http://www.homeoint.org/seror/seror_homeocible/pages/339.html

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Cours d’introduction à la répertorisation, selon la méthode de Vitoulkas : coursRépertorisation

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Les données du monde médical ont changé. Le patient réclame des investigations cliniques et para-cliniques plus précises, au meilleur coût. Les pressions sociologique, économique et fiscale ont par ailleurs considérablement réduit le temps dont dispose le praticien. La mise en œuvre d’outils informatiques puissants et rapides à utiliser pour un prix raisonnable, permettra aux homéopathes de ce début de 21eme siècle de s’adapter parfaitement aux demandes de la société et de ses malades.

 

 

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