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LE COUPLE

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Introduction

Comme nous le verrons plus loin, le travail en couple est affaire de contrat, de « deal », et les négociations ne sont pas simples : qui est le plus phallique ? c’est à dire qui est ce qui jouit le plus ? qui est ce qui « porte le pantalon » ?

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D’où nous viennent ces représentations du couple ?

Dans une famille, lorsque l’enfant essaie de fonder une théorie sur la manière dont il se représente les relations sexuelles entre ses parents, du même coup, il va théoriser sur « qui séduit l’autre, qui a commencé, qui commande, qui a le dessus ?…» et donc, du même coup, il théorise d’où vient le désir, qui en est porteur.

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Très concrètement, ça va donner dans l’imaginaire des enfants une fantasmatique qui sera, par exemple, « c’est papa qui est le plus fort, c’est lui qui commande, c’est donc lui qui impose les choses à maman et qui a le dessus ».

Vous allez avoir à la fois une position respective des deux sexes au sein du fantasme de l’enfant, mais, dans d’autres familles, où on aura au contraire une domination maternelle, la théorie pourra être «  c’est maman qui a en fait le pouvoir, c’est elle qui décide, qui charme papa »… !

Vous avez alors un fantasme à domination maternelle, ou bien l’autre versant : « c’est papa qui est fort, qui commande, et lorsque papa met son grand zizi bien méchant qui entre au dedans de la maman, il la châtre et c’est de là que vient le fait que les mamans n’ont plus de zizi… »

vous avez donc une connexion entre la théorie de séduction et la théorie de la castration au sein de la théorie du fantasme de la scène primitive élaborée par l’enfant spectateur des relations parentales et qui imagine leurs relations sexuelles.

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Et plus il y a d’agressivité chez l’enfant à l’égard du fait d’être exclu de la sexualité concrète de ses parents, plus le fantasme que l’enfant va élaborer va porter la marque de cette agressivité, donc, plus le fantasme lui-même sera lui-même violent et plus l’enfant aura peur de la manifestation concrète de la sexualité concrète de ses parents et plus il craindra pour celui qui est séduit, pour celui qui a le dessous.

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Vous avez là une partie des explications des craintes des enfants à l’égard soit du père, soit de la mère. Il élabore ceci en fonction de ce qu’il peut constater dans les relations habituelles de la famille, mais aussi en fonction de son organisation pulsionnelle particulière.

Au sein de nos sociétés un peu machistes, il y a une position qui est dominante assez largement, celle où c’est l’homme qui domine, c’est l’homme qui a le dessus, dans laquelle la femme subit passivement, dans laquelle elle est « châtrée ».

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Fantasmes à domination maternelle ?

Ceci étant, vraisemblablement les fantasmes à domination maternelle existent toujours, ils sont beaucoup plus enfouis que les fantasmes à domination paternelle et ils sont vraisemblablement beaucoup plus terrifiants. La clinique concrète et l’analyse concrète des difficultés sexuelles en montrent une très grande occurrence, notamment pour les problèmes d’éjaculation précoce, de frigidité etc… On y retrouve fréquemment un fantasme qu’on appelle le « vagin denté » et on en reparlera dans la suite de cet article.

Je vais donc vous parler de « deal », de marché, de compromis, de comptes à régler, de narcissisme … c’est bien mesquin pour parler d’amour ! mais on est là pour décoder…

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Une rencontre entre deux personnes, un « coup de foudre », le début d’un couple, sa vie, sa mort sont constants dans leurs enjeux, à ce titre là, ils sont universels ; mais, bien sûr, Pulsatilla (si), Calcarea carbonica, Lycopodium (al) ne vivent pas le miracle de l’amour comme Aurum, Arsenicum ou Sepia (pour ne citer qu’eux)…

Je vais vous apportez un maximum d’informations de « décodage ».

Certains de mes propos vous paraîtrons sans doute difficiles à entendre, peut-être même insupportables… ce ne seront en fait que des vérités que vous connaissez parfaitement au fond de vous, mais il est convenu dans notre vie de relation d’occulter ces aspects de notre personnalité.

J’ai souvent la dent dure dans ce que j’écrie, mais j’aime bien démasquer, cerner l’hypocrisie … d’ailleurs vous verrez, pour nous détendre, j’ai écrit quelques dialogues horribles, bien sûr ce sont des caricatures, comme aux guignols de l’info. Mais derrière toute caricature, il y a une vérité, évidemment, sinon cela n’aurait aucun intérêt, parce que les bons mots pour les bons mots … ! ! !

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1 – Il est indispensable de commencer notre travail avec la mise en place des instances qui permettront le développement de notre subjectivité ; en particulier ces lois universelles qui doivent être intégrées par l’enfant au sortir de l’œdipe et qui détermineront ensuite sa relation à l’autre en tant qu’objet et son vécu de la sexualité.

On évoquera les variantes des issues de l’œdipe par rapport au schéma normatif, je veux parler de la sexualité perverse, du fétichisme et de l’homosexualité.

Nous verrons comment « la vie à deux » s’inscrit dans l’histoire de notre subjectivité : la vie psychique commande, nous sommes tous marqués par des expériences précoces, complexes que nous passons notre vie à comprendre après coup. Tout cela accompagne notre vie, à chaque instant de notre vie, nous réorganisons notre passé ; d’autres expériences vont après coup réinterpréter des expériences premières et leurs donnent un autre sens en modifiant le passé lui-même.

Nos expériences de vie à deux participent de ce processus dynamique et font de nous des sujets.

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2 – Puis, nous aborderons le couple et le mariage dans une vision sociale : la question de la relation amoureuse est surdominée par le social ; l’institution du mariage modifie notre façon de vivre l’amour. Le mariage c’est l’image de la normalité ; c’est fondateur de deux groupes dissymétriques : les hommes et les femmes.

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On traitera ensuite :

3 –   du choix du partenaire

4 –   la problématique du lien amoureux.

5 –   la typologie des couples et les scénarios adaptatifs

6 – les cycles, l’évolution du couple (naissance, vie, mort)

7 –   la perte et le deuil

8 –   le désir d’enfants (dès qu’il y a relation sexuelle, cela implique un produit de la sexualité, le bébé)

9 –   les difficultés sexuelles :

  • la violence conjugale, le lien pathologique, le crime passionnel
  • Honte et culpabilité

Comme vous le voyez le programme est chargé et je vous propose de vous plonger dans le premier volet de cette aventure qui est notre quotidien :

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1 – La vie est une blessure narcissique quotidienne 
Il est certain qu’une de notre plus grande douleur, c’est d’accepter ne n’être pas pour les autres quelqu’un d’important. Or c’est clair, quand vous rentrez dans un restaurant, un train, dans la foule quand vous faîtes la queue pour aller au cinéma, ou à la poste… les autres n’ont rien à faire de vous, de vos états d’âme … et ça c’est très dur pour notre ego ; chaque événement de notre vie de tous les jours nous rappelle que pour les autres on n’est pas très important.

Le cinéma qu’on se fait, les fantasmes narcissiques, c’est notre identité, on le garde très secrets. Ça aide à vivre !

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Les fantasmes narcissiques :

Petit, on aime s’endormir avec un conte d’enfant, une chanson … « Savez-vous planter les choux ?» c’est le kamasutra, « Au clair de la lune », c’est du folklore obscène ?

Le « Petit Poucet », c’est la revanche de l’enfant abandonné, du petit : c’est un fantasme de ressource narcissique pour se soigner des blessures de la vie.

Quant on est plus grand : « Etre la personne la plus importante au monde », c’est s’identifier au héros, flatter notre narcissisme dans une douce mégalomanie : sauver le monde comme Bruce Willis dans Armagedon, Harrisson Ford dans son personnage de Jack Ryan…

Ou tout simplement « le chéri préféré de sa maman » ?, à chacun son rêve !

C’est tellement bon de se voir dans ses yeux, de se rêver comme quelque chose d’unique ; ce regard porté sur nous qui nous disait «mais oui tu es merveilleux et on t’aime », c’est ce bonheur fusionnel, premier du tout petit enfant baigné par le regard maternel … et toute notre vie nous tentons inconsciemment de retrouver cette harmonie.

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Le premier couple, c’est bien celui qu’on forme avec notre premier objet d’amour, la mère (ou son substitut). Mais un couple bien particulier, car c’est une relation symbiotique, dans l’incapacité du nouveau-né à différencier lui et sa mère : il n’y a qu’un.

Quand un petit enfant arrive au monde, il est comme une structure ouverte, pas finie, avec une ébauche psychologique : en plus des déterminations de l’espèce, il est déterminé par le désir parental : ce que sont ses parents, comment ils ont été fils et fille eux-mêmes, qu’est-ce qu’ils espèrent de cet enfant ?

Cela crée un « creux dans le monde » plus ou moins douillet. On tombe là-dedans et il faut faire avec. On est les enfants de ces parents –là.

L’enfant trouve des contraintes fortes qui s’imposent à lui et qu’il doit accepter, certaines sont biologiques et universelles, ainsi :

  • être mortel (la mortalité)
  • la différence des générations (il y a des grands et des petits, on a des parents)
  • la différence des sexes (on ne peut pas avoir les deux, il y a des sexes qui doivent se rencontrer pour faire des enfants).

Ces données constituent un alphabet de données biologiques, avec cet alphabet, les individus individuellement et socialement composent des lois, un cadre, une culture.

Le sujet humain doit accepter les données biologiques : le « désir de toute puissance », c’est précisément le désir d’y échapper. En tant que désir, il est universel (c’est à dire qu’il n’est ni rare, ni pathologique) : tous les enfants veulent être grands, des hommes tout de suite, avoir les deux sexes, faire un bébé à maman, ils ne veulent ni mourir, ni que leurs parents meurent.

Ce qui est inquiétant, c’est quand les enfants y croient (on quitte le désir) : on passe alors d’un désir de toute puissance, à une illusion de toute puissance. Là, ça fait pathologie.

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Différence des sexes et des générations, le complexe d’Œdipe

L’œdipe donne lieu à une épreuve psychique décisive pour le développement du sujet : la prise en compte du complexe d’Œdipe et son dépassement. C’est un examen de passage.

L’enfant de 3 à 5 ans va découvrir la différence des sexes et ces différences vont prendre pour lui des significations quant à son organisation psychique au sein de l’organisation du monde. Bien sûr, il avait déjà remarqué qu’il y avait des petits garçons et des petites filles, des adultes et des enfants, mais il arrive un moment où il y a prise de conscience, c’est ce qu’on appelle la crise oedipienne.

L ‘Œdipe fonde les limites de l’individu dans son rapport à l’extériorité, les deux bornes qu’œdipe dépasse, structurent deux interdits fondamentaux : l’inceste maternel et le parricide. Mais l’œdipe ne se contente pas de décrire des limites, il indique également que celles-ci doivent être fantasmatiquement atteintes pour permettre au sujet de s’en libérer.

Le « complexe d’œdipe » permet à l’enfant de se représenter la place qu’il occupe au monde et de se raconter l’histoire de ses origines, tandis que « le complexe de castration » est chargé de lui donner une représentation de la différence, une théorie de la différence. Ces « histoires » vont lui permettre, tout simplement, de vivre sa propre différence, c’est à dire d’exister.

La reconnaissance du caractère fondateur du complexe d’oedipe n’implique nullement que les phases précédentes du développement de l’enfant soient sans incidence sur son devenir psychique… si les stades du développement (indifférenciation, oralité, analité, phallique) en réfèrent plutôt au biologique et au corporel, ils sont directement mis en perspective par les constructions psychiques du sujet.

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Comment vont-ils vivre cette crise oedipienne ?

Pour les enfant, le monde va se départager entre « ceux qui l’ont… et ceux qui ne l’ont pas ». Rappelez vous : la crise oedipienne survient à l’issu du stade phallique quand les enfants croient que ça y est « ils ont l’objet idéal » qui va leur permettre de retrouver cet état idéal premier où « on est tout, où on a tout, tout de suite, tout seul, tout ensemble« …

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Peut on vivre sans ? Comment assumer cette castration de ne pas avoir les deux sexes, et accepter de n’être que soi ? Quel est le sexe le plus phallique, c’est à dire quel est le sexe qui jouit le plus ?

On s’imagine que l’autre sexe serait porteur de tout : donc nos traumatismes vont être interprétés en terme de différence et de l’idée que l’autre a ce qu’on n’a pas. L’angoisse de castration, c’est ce qui se produit en nous, toutes les fois que, constatant que nous n’avons pas tout, que nous ne sommes pas tout, nous craignons de n’avoir rien, de n’être rien. 

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Les limites de l’organisation phallique :

On ne peut pas avoir tout, être tout : l’un et l’autre sexe… on va donc essayer d’être quand même phallique, c’est à dire à être quand même l’un et l’autre sexe d’une certaine manière par identification. 

Le dépassement de l’angoisse de castration consiste, en quelque sorte, à chaque fois, à faire ce « constat » qu’à ne pas avoir ni être le phallus, on n’est pas rien pour autant.

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Crise oedipienne et surmoi post oedipien

L’issue de la crise oedipienne c’est de découvrir que ce qu’on ne peut pas réaliser complètement en actes, on va pouvoir le réaliser quand même en représentations. 

On va pouvoir le réaliser quand même par identification. Et ceci suppose que la réalisation en représentation puisse devenir un nouveau type de but ou de réalisation pulsionnelle.

La configuration de l’interdit distribue et discrimine ce qu’on peut faire, ce qu’on peut penser de ce qu’on peut dire. Elle contient les trois opérateurs. :

  • 1-  l’interdit
  • 2 – le fantasme 
  • 3 – l’identification

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C’est à dire : ce que tu ne peux réaliser de fait, tu pourras quand même le réaliser en représentation et en identification.

  • J’insiste sur le fait que cela vient offrir la possibilité à la fois, d’avoir tout ou d’être tout sans se désorganiser et sans rencontrer les antinomies.
  • Si je suis un garçon, je peux effectivement faire comme les garçons. Et j’ai la possibilité aussi, par identification à la mère, à la sœur, en fantasmes et en représentation, d’être ce que je ne suis pas. 
  • Il n’y a pas de désir auquel il faille radicalement renoncer. Ce à quoi, il faut renoncer concerne la forme de la réalisation, c’est à cette partie qu’il faut renoncer pour conserver le tout du désir. C’est ce qui permet de ne pas vivre dans une éternelle frustration par rapport à ce qu’on ne peut réaliser.

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La crise œdipienne confronte l’enfant à la rencontre intersubjective concrète avec la question de la double différence, différence des sexes et différence des générations, donc avec la construction de son identité.

  • L’enfant n’aura jamais, quelque soit le temps qu’il attend, un autre sexe que le sien. Jamais non plus, il ne sera le parent de ses propres parents, ni le partenaire sexuel de ceux-ci.
  • Il y a donc des choses qui ne seront pas récupérées, des modes de relation qui ne sont pas réversibles. On ne peut avoir le projet de tout retourner. L’enfant ne s’est pas fait lui-même et il ne se fera pas lui-même. Il doit accepter d’être issu de l’exercice d’une sexualité dont il est exclu. 

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La fonction de l’interdit
  • La fonction de l’interdit, c’est de transformer l’impossibilité d’une réalité qui se fiche de nous, d’une réalité qui « est », indépendamment de nous, en inter-dit.
  • Cette réalité indépendante de nous est une blessure extraordinaire et elle va s’humaniser en s’incarnant dans les interdits. L’impossible va devenir une affaire relationnelle ; nous interdisons ce qui est impossible, nous faisons de l’interdit quelque chose qui va se jouer entre l’autre et soi et non pas entre soi et rien.
  • Il est bien évident qu’un petit bonhomme de 4 ou 5 ans est dans l’incapacité totale de satisfaire sexuellement sa mère. 
  • La formulation de l’interdit oedipien change cette impossibilité de fait en quelque chose qui va le mettre en relation avec son père. 
  • Donc première opération de l’interdit : l’interdit humanise la rencontre avec la blessure. C’est la faute de papa qui s’oppose, de maman qui s’interpose… et ce n’est pas lié à l’impossibilité ou au fait d’être petit. 

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Deuxième énoncé de l’interdit :

  • L’interdit n’est pas simplement quelque chose qui barre, mais c’est aussi quelque chose qui ouvre. 
  • On pourrait dire que la fonction structurante de l’interdit est une fonction bi-face : 
  • Sur l’une des faces, ce qu’il énonce c’est que ce n’est pas la peine d’aller dans cette direction parce qu’elle est barrée, entravée, inintéressante. « Non, pas dans cette direction, mais dans celle là ».
  • Sur l’autre face, l’interdit ouvre, doit ouvrir aux types de solutions, aux types de directions dans lesquelles il y a lieu de chercher une solution.
  • Par exemple, si on veut essayer de formuler un bon interdit oedipien, ça ne serait pas de dire : « ta mère ne t’est pas permise », mais plus de dire : « toutes les autres femmes ou tous les autres hommes, te sont potentiellement offerts ». Cela insiste moins sur la face où c’est barré, même si cela le contient implicitement mais surtout ça ouvre là où il y a lieu de chercher des solutions possibles.

J’insiste beaucoup la-dessus, parce qu’imaginer que la fonction de l’interdit c’est seulement d’empêcher, c’est faire de cet interdit quelque chose de purement négatif. La bonne formulation des interdits contient toujours la double face : « Non, pas dans cette direction, mais dans celle-ci »… 

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Directions proposées à l’enfant dans son organisation par l’environnement.

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Rappel des directions proposées à l’enfant, dans son organisation de la crise oedipienne, par l’univers familial :

  • réaliser ses désirs par identification et par représentation
  • s’identifier aux parents en tant que ceux-ci acceptent leurs limites.
  • Problème de l’écart entre le modèle que nous leur transmettons et ce que nous sommes en réalité.

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En résumé :

La rencontre avec la différence des sexes et des générations place l’enfant face au complexe de castration et à l’impossible.

complexe de castration : si je n’ai pas tout, je ne suis rien

  • pour les hommes : risque de ne « pas pouvoir »
  • pour les femmes : difficulté à être « femme »
  • la satisfaction du désir est dangereux pour soi, pour les hommes comme pour les femmes !

transformer l’impossible en interdit

  • c’est structurant, car si ça « ferme », ça « ouvre » aussi
  • puisque que tout ce qui n’est pas interdit est autorisé (=possible)
  • ça fixe des règles
  • ça permet l’élaboration du surmoi post-œdipien 
  • ça discrimine trois ordres de choses :
  • ce qu’on peut faire en actes
  • ce qu’on peut faire en pensée
  • ce qu’on peut faire en paroles

donc :

  • ce qu’on peut être en acte
  • ce qu’on peut être en pensée
  • ce qu’on peut être en paroles.

ouverture aux identifications, aux représentations (ça crée des liens, donne du sens)

  • ça transforme le savoir en connaissance
  • et la connaissance en outil à penser.

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C’est sur ces identifications qu’on choisira son partenaire !

Donc, c’est bien la façon dont on va traverser ou refuser de traverser l’œdipe qui va déterminer la capacité à rencontrer, la castration et l’interdit, la possibilité de réaliser en fantasmes ce qu’on ne peut vivre en « vrai », c’est la construction des représentations, et du rôle qu’on va jouer dans la vie, dans cette histoire qui sera la notre avec « ce partenaire là ».

Pour le sujet, construire ses représentations, c’est construire sa vérité… donc identifier les représentations, les conceptions, c’est identifier la « vérité subjective » du sujet : le changement est un apprentissage, c’est une adéquation, une mise en concordance des conceptions (ou représentations) aux contraintes du réel ; ça passe bien par une re-signification de ce réel qui se transforme alors en une nouvelle représentation.

Et ça passe aussi par une re-signification des objectifs, ce qui implique le plus souvent un changement de partenaire qui ne correspond plus à notre représentation et au sens qu’on veut donner à sa vie…

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Mais il existe des voies d’esquive, d’évitement de la différence des sexes et des générations…

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Sexualité perverse/ homosexualité

Les personnalités limites

La question de « personnalité limite » croise très directement celle des pathologies du narcissisme : ce sont des sujets affectivement immatures, charmants et un peu inquiétants, ni psychotiques, ni franchement névrosés, personnalités as if « comme si », naviguant dans cet entre-deux, et qui n’ont fait ni le choix réel de l’homosexualité, ni celui de la perversion, ni celui de la psychopathie… toutefois, la structure de base est de type pervers, fonctionnant de façon discrète et susceptible d’en épouser les multiples formes.

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La perversion

La difficulté structurelle pour le sujet de rencontrer la différence des sexes, s’illustre dans la perversion.

Celle-ci correspond à une série de pathologies particulières qui s’expriment suivant les mécanismes de différenciation ou d’identification dans les pathologies du narcissisme (choix du même / choix de l’autre) ou dites aussi pathologies limites… c’est le narcissisme qui est en jeu.

La perversion de l’adulte est opposée à la normalité (à la différence de celle de l’enfant) ; elle suppose donc la normalité pour être définie.

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Il est difficile de définir la normalité psychique, car elle s’insère dans la névrose.

L’objet fétiche joue un rôle, c’est un objet d’élection pour le pervers, toute perversion est marquée par cet objet fétiche qui a le sens de la phobie de la différence, il remplace la gestion de la différence chez l’homme normal.

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Définition : la perversion appartient au champ de la psychopathologie.

  • C’est une pathologie du lien c’est dans la relation avec les autres que se situe la problématique du lien, c’est la perversion du lien, la perversion de la différence
  • Il faut relier la perversion à une conduite sexuelle pathologique.
  • La perversion est une structure psychopathologique stable, caractérisant les conduites du pervers et ses pensées. Ceux-ci, bien que non psychotiques, développera un rapport aux autres fondamentalement altéré : la perversion se caractérise par un mode de relation particulier aux autres « l’emprise » et par un rapport particulier à la réalité marqué par le déni.
  • Par le déni et l’emprise, le pervers construit un lien artificiel et complice avec l’autre pour servir de support à une déviation de l’exercice normal de sa sexualité.
  • L’objet fétiche est le substitut de la différence des sexes, insupportable pour le pervers.

Le pervers échoue à l’épreuve de la castration (accepter de n’être que ce sexe là et vivre sa sexualité avec !). Le pervers n’admet pas la reconnaissance de la différence (d’un autre non semblable) et construit un substitut à cette castration (c’est  l’objet fétiche qui fonctionne grâce au déni) 

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Le pervers pervertit le sens : c’est celui qui refuse cette souffrance, c’est trop dur pour lui, il préfère s’illusionner et penser que «c’est pas vrai ». Le pervers s’illusionne sur la qualité de sa vraie sexualité. Un pervers, c’est quelqu’un qui veut faire croire à l’autre qu’il a tout, il est complet.

  • Le pervers montre que le phallus, il en a besoin profondément (c’est la masculinité qui est en jeu dans la perversion, même s’il s’agit d’une femme perverse) et il construit un phallus à l’abri de toute castration
  • C’est bien là le rôle attribué à l’objet fétiche

il construit, choisit, sélectionne un objet qu’il va pouvoir utiliser à chaque fois qu’il y a menace de castration (quand l’assouvissement de son désir sexuel est menaçant).

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L’objet fétiche

Le fétichisme est à la source de toutes les pathologies du narcissisme, c’est un substitut au phallus potentiellement manquant (chez la femme).

Il construit donc un autre phallus, pour pouvoir vivre son expérience sexuelle sous couvert de cet objet fétiche .

Quel objet ? il est spécifique à chaque sujet, c’est toujours le même (des dessous en dentelles, des talons aiguilles, le plus souvent ça fait appel au visuel) car le phallus est un objet visuel.

Mais tout objet potentiellement peut être désigné comme fétiche par le pervers. 

Peu importe la réalité des personne rencontrées… certains imaginent une couleur d’yeux particulière par exemple pour vivre la sexualité.

L’objet fétiche met en jeu le déni, c’est à dire un mécanisme psychique spécifique de la perversion qui exprime un double mouvement :

  • la reconnaissance de la réalité de la situation (la différence) dans un premier temps
  • le déni, la contestation, le désaveu de la différence des sexes dans un 2ème temps.

Le déni, c’est une assurance tout risque contre toute difficulté, ça permet de se construire une autre réalité.

A grande échelle, le pervers se construit une autre réalité « je sais bien que la femme n’a pas le phallus, mais avec ses dessous noirs, je peux assumer ma sexualité ».

Le déni suppose la construction dans la perversion, d’un objet fétiche.

Le fétichisme a, à la fois, la castration et le non-castration la femme castrée et la femme non castrée.

La castration, c’est un vécu de perte… le pervers n’a rien perdu, car il reconnaît la différence tout en la déniant. Par exemple,  le pervers ne veut pas faire l’amour à la papa, il a inventé mieux. Est pervers, celui qui est dépendant « accro », d’une façon de faire l’amour pour obtenir la jouissance. C’est en relation avec des objets partiels. 

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L’objet total, c’est l’autre reconnu comme une personne complète, qui nous échappe toujours un petit peu. L’objet partiel, c’est l’autre considéré comme objet de ma propre jouissance (c’est Don Juan).

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Complicité et sado-masochisme

Deux pathologies principales sont systématiquement à l’œuvre chez le pervers :

  • le fétichisme (avec le déni) définit la perversion… il peut avoir une dimension dissimulée chez le sujet.
  • Le sado-masochisme engage des liens de complicité sur le mode de l’emprise.

Chaque pervers développe un mode de relation marqué par l’emprise dont la problématique principale est le sado -masochisme grâce au déni et à l’emprise.

Dans le sado-masochisme : il y a expression de l’objet partiel pour les deux partenaires.

le pervers construit un lien artificiel et complice avec l’autre… pourquoi complice ? Par ex, dans la pédophilie, qui est un acte pervers, le pervers dira : « c’est l’enfant qui ouvre ma braguette ! ».

L’autre devient ainsi responsable de l’acte que commet le pervers.

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Il y a l’idée qu’on ne sort jamais indemne de la perversion. C’est lié à un concept fondamental de technique d’intimité : le pervers est un technicien, un expert dans l’aliénation de l’intime de l’autre. Il se montre un artisan du mécanisme lui permettant d’avoir la propriété de l’intime de l’autre, de préférence avec sa complicité.

Les pervers  sont des gens brillants, séducteurs, ils cherchent à se faire aimer, collectionnent les belles choses,  les belles femmes, ils ne vivent pas isolés. Mais on peut dire que l’illusion, l’apparence les satisfait.

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La perversion est l’aboutissement logique de la névrose phobique.… Mais pourquoi rattacher la phobie à la technique d’intimité ? parce qu’on se rend maître de l’intime de l’autre pour la vivre par procuration.

Pourquoi la complicité ? car le pervers développe son emprise de l’autre qui va développer à son tour un accord avec lui.

C’est rencontrer un autre qui va faire vivre chez lui ce qu’il y a de plus construit, de plus travaillé, c’est à dire sa sexualité infantile : le pervers joue sur les réminiscences de la sexualité infantile perverse de l’autre.

chez chaque sujet, potentiellement, il y a des pulsions perverses

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L’homosexualité est une perversion et une négation de la différence

L’homosexuel croit que la différence des sexes ne vaut pas pour lui : l’homosexualité est une voie d’esquive par rapport à cette réalité de la différence des sexes qui s’impose à tous, là est le lien entre toute puissance et l’idée que la différence des sexes ne vaut pas pour lui.

De même, en ce qui concerne le désir d’enfant chez les homosexuels : s’il y a recours à l’insémination artificielle, c’est faire comme si on pouvait faire des enfants n’importe comment, sans relations sexuelles entre hommes et femmes (c’est un désir de toute puissance) !

Donc, pour accéder à la névrose, « état de bonne santé » : il faut accepter d’être petit, l’interdit de l’inceste, accepter que pour faire des enfants, il faut être un homme et une femme adulte : il faut être sorti de l’œdipe en supportant la souffrance que cela suppose : ça permet ce qu’on appelle, l’entrée en latence. Donc le complexe d’Œdipe, c’est quand l’enfant accepte ces deux différences et leurs conséquences.  C’est ce qui donne les lois, le sens  universel.

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La triangulation

L’idée que la mère n’a pu faire l’enfant toute seule, qu’il a fallu le désir du père, c’est ce principe de la triangulation (Mère Père Enfant) qui permet à l’enfant d’accéder à une certaine autonomie de sa subjectivité. La relation à une mère toute puissante implique une aliénation au désir de la mère : face au désir d’une mère, l’enfant ne fait pas le poids. La triangulation est une condition absolue de l’espèce.

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2 – La sociologie du couple et du mariage

On constate que si le couple n’est pas toujours présent en pratique,  il demeure la référence centrale : il y a aujourd’hui changement de mode de construction conjugale, impliquant des séquences de vie hors couple et des séquences de vie conjugale précaire.

Même pour les personnes vivant seules, le couple occupe beaucoup de leurs pensées : le couple n’est pas une forme sur le déclin. Paradoxalement il est même d’autant plus présent que sa structure devient plus instable : c’est dans les périodes préparatoires à la formation d’un couple, dans les moments de rupture et parfois même dans la vie solitaire que l’hypothèse de la vie conjugale est la plus convoquée en idées.

Si le couple est devenu plus instable, c’est paradoxalement parce que les acteurs exigent plus de lui, chacun aspirant à une vie privée garantissant de grandes gratifications affectives et sexuelles. Les exigences se sont élevées, donc quand ça ne va pas … on change !

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Il est évident que le mariage à lui seul ne définit plus le couple : tout se passe comme si l’entrée en couple se produisant désormais suivant plusieurs modalités possibles : par l’institution, le partage du même logement mais aussi par l’échange interpersonnel, la mobilisation cognitive (psychique) et le lien affectif.

Le couple commence avec le choix du partenaire. 

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Le principe d’homogamie

En 64, en France, la conclusion  à l’une des premières enquêtes psychosociologiques est : 

N’importe qui n’épouse pas n’importe qui !

25 ans plus tard, une autre étude sociologique (M.Bozon et F. Heran) conclue nettement : « la foudre quand elle tombe, ne tombe pas n’importe où »… elle frappe avec prédilection à la diagonale qui traverse d’un coin à l’autre un tableau à double entrée croisant profession du père de la femme et profession du père de l’homme : l’homogamie est particulièrement forte aux deux extrémités de l’échelle sociale.

Près de la moitié des mariages se font suivant ce principe, le jeune marié occupe la même position socioprofessionnelle que son beau-père. Ainsi, jusque dans les secteurs de la vie où on a le sentiment d’une liberté individuelle profonde, on est agit par des déterminants sociaux.

En fait, ayant intériorisé la culture et les normes sociales, le jeune vit comme une liberté le fait de vivre suivant la norme sociale.

La pertinence du concept d’homogamie est tout à fait vérifiée . Ce succès du concept a eu des conséquences négatives : par glissements successifs une association d’idées s’est faite entre homogamie et stabilité conjugale se traduisant notamment aux US par des conseils conjugaux privilégiant la ressemblance des futurs conjoints… !

Or, c’est plus simple et plus compliqué que cela… les couples ne sont ils pas fondés sur l’amour ?

Chacun voudrait croire au choix amoureux  sans parvenir à y croire vraiment. Le concept d’homogamie permet paradoxalement de pouvoir continuer à croire en l’amour autrement qu’en des rêveries chimériques.

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Qui se ressemble s’assemble ?

Perspective du marché du mariage

Un homme et une femme ne se vendent pas sur le marché matrimonial de la même façon : on dégage des portraits masculins et féminins très tranchés : les hommes mettent en avant leur profession et leurs capitaux économiques, les femmes leur aspect physique et secondairement leurs compétences relationnelles.

Hommes et femmes recherchent non la similitude mais en une complémentarité sexuelle, socialement codée avec une certaine précision. 

Dans le domaine des positions culturelles, des goûts et des manières, dans les détails les plus fins de la vie quotidienne, les futurs partenaires découvrent la possibilité de s’unir parce qu’ils ont un langage commun. Mais en même temps, la recherche est aussi celle des complémentarités, donc de différences de natures très diverses.

L’autre doit être aussi proche que possible, tout en apportant une richesse particulière, faite de ce dont on est le moins doté.

Ainsi se constitue une unité conjugale qui n’est ni affaiblie par les dissemblances des deux parties, ni divisée par la concurrence provoquée par l’affrontement de deux individualités similaires.

Jean-G Lemaire souligne que les couples se forment « autour d’une perception inconsciente d’une problématique commune (= même type de conflit psychique) avec simultanément des manières complémentaires d’y réagir chez l’un et l’autre (on choisit quelqu’un qui a trouvé une réponse différente à ce conflit) ». Ces manières complémentaires sont extrêmement variables suivant les situations. Ainsi, celui qui adopte le rôle « protecteur » dans des circonstances données adoptera le rôle protégé dans d’autres circonstances. Mais on est toujours ici dans une problématique de protection dévolue au couple. La mise en couple offre la possibilité de renforcer la recherche de cohérence dans la construction de notre identité ;  en reportant les dissonances les plus fortes sur le conjoint dans le cadre de la formation du « moi conjugal ».

Il y a une configuration intéressante entre construction conjugale et processus identitaire. Certaines personnes ayant des difficultés psychologiques ( notamment une inhibition, des tendances à la passivité, des attitudes dépressives) recherchent un partenaire ayant la même difficulté mais plus accentuée. Cette caricature d’elle-même permettant de repousser le « moi négatif » sur le conjoint et de renforcer le sentiment de leur propre valeur.

Il devient ainsi clair que la complémentarité n’est pas un raté de l’homogamie, mais qu’elle se situe au cœur du couple. Elle est liée à la recherche de cohérence identitaire (on est encore plus cohérent à 2 !)

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La dot scolaire

Exception au principe d’homogamie : la notion de bon et de mauvais mariage.

  • le bon mariage permet une mobilité sociale ascendante
  • le mauvais mariage : descendante.

Qu’est ce qui permet aux femmes de faire de bons ou de mauvais mariage ?

Pour 2/3 des femmes qui se marient en dehors de l’homogamie, ce qui est important, c’est la dot scolaire de la femme, ça augmente ou diminue sa valeur sur le marché du travail.

Pour qu’une fille d’ouvrier épouse un cadre, il faut qu’elle fasse des études… !

Car plus une fille a un capital scolaire différent de celui des autres filles de son groupe social qui sont homogames et plus elle a des chances que son mari s’éloigne par sa position sociale de celle de son père. 

Le « beau mariage », celui qui permet à la femme une mobilité sociale ascendante, est liée à une conception des échanges conjugaux. Car la femme valorise alors ses capitaux par l’intermédiaire de son mari dans un statut de dépendance sociale et d’infériorité dans les rapports de pouvoir domestique. 

La dot scolaire a une importance sur la qualité du mariage et la vie des époux. Après 10 ans de mariage, le salaire du mari dépend du niveau d’études de sa femme (en moyenne, 4% en plus pour le mari dont la femme a un bon niveau scolaire) 

Epouses aussi motivées que leurs maris, ambition par procuration, compréhension quant aux obligations professionnelles de celui-ci ? vie sociale favorisée ?

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En cas de rupture conjugale, le maintien ou l’amélioration de la valeur féminine est d’autant plus fréquent que le premier mariage était conclu avec un homme situé plus haut socialement.

Le « beau mariage » construit donc un type de rapports conjugaux et d’identité d’épouse qui ouvrent l’éventualité d’un second mariage accentuant encore la mobilité.

A l’extrême opposé, celle qui mise tout sur ses études pour réussir individuellement sur le marché du travail risque de ne pas trouver de candidat disponible sur le marché matrimonial à cause du décalage d’âge.

Si elles ne se marient pas pendant leurs études, les hommes épousables sont déjà mariés quand elles sont enfin disponibles, elles doivent alors attendre qu’ils divorcent … mais elles seront alors en concurrence avec des plus jeunes !

Ainsi une bonne « dot scolaire » forme une valeur ajoutée et augmente les chances d’obtenir en échange un mari ayant une bonne valeur, mais dans une conjoncture matrimoniale difficile pour la femme. Les femmes arrivant sur le marché du travail au delà de 30 ans, sont confrontées au problème de la rareté des candidats potentiels.

Les agences matrimoniales sont pleines de femmes ayant un doctorat et d’hommes agriculteurs : ils ne se conviennent pas du tout ! !

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Conditions concrètes de la rencontre et débuts de la formation du couple :

L’homogamie est donc à rapporter à la situation des individus au moment de leur mariage.

Selon la place occupée dans la société, les probabilités statistiques circonscrivent les partenaires potentiels à l’intérieur d’un cercle relativement étroit. Les candidats ou candidates possibles en vue de mariage sont pour un individu en nombre extrêmement réduit. Le vrai problème pour les futurs conjoints n’est pas tant de se choisir que de se trouver… les hésitations sont fréquentes. Le choix porte sur des personnes concrètes, engageant, suivant les décisions, vers des avenirs différents.

Toutefois, si l’homogamie reste stable elle change de nature et doit être analysée comme un processus dynamique. Les critères et les procédures se transforment.

Si l’union libre élargit l’éventail des possibles dans le choix du conjoint, pourquoi ne provoque-t-elle pas davantage de bouleversements dans la grilles des correspondances sociales ?

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Parce que n’importe qui, ne rencontre pas n’importe qui.

Ainsi, derrière la façade idéologique obligée du libre choix laissé à l’enfant, les parents tentent-ils d’intervenir sans trop le montrer, surtout si le nouveau partenaire ne correspond pas aux attentes sociales justifiées par la position occupée, ou s’il déroge par trop aux règles apprises d’expérience, de la complémentarité conjugale.

Ainsi dans une famille de parents (Aurum) parents d’une jeune Phosphore-Aurum (avec frère Lycopodium-Argentum) l’arrivée d’un jeune Pulsatilla, avide et pique assiette … pas la même diathèse, pas la même demande => incompatibité familiale ! 

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Les suites de la première rencontre s’inscrivent également dans des cadres sociaux de contrôle de choix du conjoint. Les premiers temps de la vie à deux, pas encore scellée par le mariage, permet de vérifier la capacité d’entente des partenaires et fonctionne comme un filtre : les unions les plus atypiques disparaissent, alors que les plus homoganes ou complémentaires se maintiennent.

La réalité d’un choix du partenaire « raisonnable » est difficilement avouée ouvertement, car elle s’oppose à l’idéologie obligée de l’amour.

Paradoxalement, la liberté amoureuse et l’instabilité conjugale permettent à l’homogamie de se perpétuer. Mais c’est aujourd’hui un processus dynamique fondé sur la capacité d’action et de décision des acteurs.

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Sur l’adultère

L’amour et le mariage étaient historiquement incompatibles. 

Du temps de l’indissolubilité du mariage, le vécu de cet aspect religieux donnait lieu à une façon de gérer ses frustrations : l’adultère

Divorce et adultère sont de bons indicateurs des déceptions conjugales, même s’ils ne relèvent pas tout à fait du même projet. D’un point de vue psychosociologique, ils sont néanmoins difficilement dissociables, le divorce n’ayant que trop tendance à occulter l’adultère qui est souvent son coup d’envoi.

Le recours grandissant au divorce empêche en quelque sorte l’adultère ou du moins empêche son installation dans la durée.

Une infidélité qui autrefois se serait terminée d’elle même, à condition d’en avoir le temps, ouvre maintenant sur une séparation et presque inéluctablement sur un second mariage ou une mise en couple au moins pour l’un des deux partenaires.

Les mariages s’enchaînant aux deux sens du terme. 

L’adultère, qu’on le veuille ou non, fait historiquement partie intégrante de l’institution du mariage en réaction à l’obligation de fidélité à laquelle les conjoint s’engagent : l’adultère reste ainsi un aléa possible de toute vie de couple.

C’est aussi  un bon instrument de mesure en matière d’égalité entre les sexes, l’adultère féminin ayant été de tout temps bien plus réprimé que son homologue masculin. 

L’une des raisons en est que si la femme connaît presque à coup sûr le père de son enfant, jusqu’à il n’y a pas très longtemps les hommes devaient se contenter de les croire sur paroles « chéri, tu vas être papa.. ! » La législation sur la paternité l’attribuant de facto au mari de la femme, à charge pour lui de mettre en route une action en déni de paternité s’il a des doutes ?

Ce qui n’a jamais empêché les femmes de tromper leur mari ; à l’heure d’une relative égalité sexuelle, les femmes apparaissent pourtant comme désillusionnées, la majorité des divorces étant demandés par les femmes : leur déception est de ne pouvoir au quotidien conjuguer amour et mariage, le mariage d’amour étant devenu au fil des siècles le modèle du genre.

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Aujourd’hui, l’amour est irrémédiablement installé dans le mariage et de ce fait rend la famille instable, incertaine. 

Les unions deviennent davantage soumises aux caprices du sentiment mais une des conséquences de l’augmentation des divorces est d’ouvrir à une nouvelle conception de la famille: la famille s’agrandit d’un mariage à l’autre.

L’adultère souligne l’importance de l’insatisfaction d’un système amoureux et conjugal, l’adultère étant envisagé alors comme une issue possible à l’insatisfaction. Dans l’adultère, l’amant est porteur de la tendresse maternelle : le Moi idéal, c’est le désir en nous de retrouver cette euphorie absolue d’être baigné de l’amour de l’autre.

Permettant à l’épouse insatisfaite de vivre son fantasme du prince charmant (rôle dévolu à l’amant) face au vilain mari , l’adultère a paradoxalement été longtemps un gage de durée des mariages.

Ce qui n’est plus le cas actuellement : de  nos jours la valeur stabilité est remplacée par la qualité des rapports de couple qui impliquent d’éventuels changements de partenaire. Le divorce, s’il en résulte est un ultime moyen de sauvegarder le principe du mariage d’amour. L’amant ou la maîtresse d’aujourd’hui sont l’époux ou l’épouse de demain… l’image de l’adultère s’efface pour laisser la place à une nouvelle image du mariage d’amour où chacun est tenu d’assumer en quelque sorte une double fonction : le mari est censé tenir lieu aussi d’amant, la femme est censée faire la maman et la putain…! 

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A trop d’exigences, on comprend que chacun s’y épuise et compte sur le divorce pour se reposer quitte à y laisser des plumes avant de repartir pour de nouvelles aventures qui n’ont pourtant rien de bien nouveau, si elles ne font que répéter sans plus s’interroger.

Certains deviennent d’ailleurs des professionnels de ce changement de partenaires et en font une règle de vie, on peut d’interroger sur cette compulsion de répétition ; elle est intéressante du fait qu’elle signe une question restée sans réponse. En refaisant le même type de choix, il espère que cette fois ci la réponse sera différente.

Il y a deux types de répétition : 

a) la répétition automatique, destructrice, mortifère : ce qui n’a pas été intégré se répète jusqu’à ce qu’il le soit (cercle vicieux pathologique).

Tout cela demande tout de même une grosse consommation d’énergie et avec l’âge on commence à se lasser.

b) et la répétition de vie,  organisatrice : les expériences rentrées dans notre subjectivité nous permettent de changer, de progresser. Car répéter, c’est aussi réexpérimenter, afin d’élucider quelque chose, on est du côté du travail de la vie. 

Travail du sujet qui n’a pas trouvé de réponse, celle qu’enfin il pourrait avoir, obtenir d’autres réponses que celles que nous ont donné nos parents.

Pour conclure sur l’adultère .

On ne peut donc parler à proprement dit de crise de la famille, ce sont seulement les formes de l’institution du mariage qui changent. Elle devient plus souple, et mouvante, du fait du rôle grandissant du sentiment amoureux.

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3 – Le choix du partenaire

Idéal du Moi/Moi idéal

Moi, Surmoi, Idéal du Moi : ces différents personnages sont en lutte, les instances idéales représentant ce que nous voudrions être.

Le Moi Idéal : c’est essentiellement le désir d’être aimé, il est issu des moments d’euphorie du nouveau né baigné dans la présence aimante de la mère. Il est témoin du désir de retrouver cette euphorie là, de ne manquer de rien, c’est un désir satisfait parfois, ça arrive quelquefois dans la vie amoureuse.(Poumon)

– L’Idéal du Moi : c’est le désir d’être à la hauteur, d’avoir de la valeur. Il est conforme à l’idée idéale qu’on se fait de nous-mêmes, il est issu de nos identifications à nos parents, il porte l’héritage de l’admiration que nous avons pour nos parents, il est en lien avec le désir des parents. Il peut être distordu dans le cas de l’enfant victime de sévices qui vit toujours une situation pathogène, car le parent qu’il admire est un parent qui lui fait mal ! il doit choisir entre lui et le parent : l’enfant continue à idéaliser le parent => alors l’idéal du moi est violent et destructeur.

On ne peut pas vivre sans idéal du moi, mais il faut renoncer à y être conforme : l’ambition est adossée à l’idéal du Moi.

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Ça participe au vouloir vivre et ça organise ses formes, ses choix sexuels, c’est une instance évolutive. Il peur être ou non, la source d’une illusion. (Rein)

Le Surmoi, c’est le censeur, c’est l’héritier de la relation au parent. La sévérité du parent n’induit pas automatiquement un surmoi sévère ; il est transgénérationnel, nous héritons du surmoi de nos parents.(VB). Nous sommes indulgents ou sévères envers nous-mêmes en fonction de la façon dont nos parents se traitaient eux-mêmes.

Ce qu’on appelle le Surmoi sadique : avoir une attitude d’échec – s’interdire de réussir- se gâcher l’existence – se maltraiter dans la vie : en réaction la mère tente d’être bonne avec ses enfants …. Mais les enfants héritent quand même de son Surmoi sadique.

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L’Amour, d’un point de vue psychologique

La libido, c’est l’ensemble des pulsions sexuelles qui s’étayent sur les pulsions d’auto conservation (ce qu’on appelle l’étayage).

J’explique : le tout petit, au départ, n’aime pas sa mère, il en a besoin, il a « faim » de mère…et comme la nourriture arrivent en même temps, caresses, paroles …etc… sur la base de la faim, quelque chose d’autre se développe : on passe du besoin à la demande (d’amour).

La demande, c’est : «  j’ai besoin de la nourriture et de ce qui l’accompagne et il y a quelqu’un qui peut me donner tout cela ». Pour que cet enfant reçoive cela, il faut qu’il soit aimé. A partir de la faim, se construit le désir et la demande ( la libido s’étaye sur l’auto conservation, et ça devient humain.C’est là, l’origine de l’amour.

Classiquement, il y a deux sortes d’amour, plus exactement de choix d’objet.

a – le choix d’objet narcissique : lorsque l’on aime ce que l’on est soi-même, ce que l’on a été, ce qu’on voudrait être, la personne qui a été une partie de soi-même. L’amour maternel est narcissique, l’enfant est aimé parce qu’il a été une partie de soi. Les mères persistent à investir leur propre narcissisme sur leur fille ; si les filles déçoivent les mères, c’est le narcissisme de la mère qui est atteint.

Les couples d’adolescents font typiquement des choix d’objets narcissiques (ils ont l’air d’être frère et sœur !)

On aime ce qu’on est soi-même ; c’est la quête identitaire, l’autre n’est pas aimé et reconnu pour sa différence mais comme une partie de soi-même… ce qu’on voudrait être (par exemple les élèves qui tombent amoureux de leurs professeurs). Ça implique l’idéalisation de l’objet et généralement coexiste le sentiment : « ne me dépasse pas… ! » de la part des parents, c’est paradoxal.

Le vieux lion « Aurum » qui ne veut pas se laisser tuer par les jeunes, les agresse.

La marâtre Platina avec Blanche Neige.

b – le choix d’objet par étayage : on aimera par étayage, la femme qui nourrit, l’homme qui protège. On va aimer qui, comme les parents aident à la survie.

Dans le choix d’objet narcissique c’est : l’un n’est pas complet sans l’autre « je ne peux pas vivre sans toi… ! »

Dans le choix d’objet par étayage, c’est : deux individus qui vivent complets et en relation « je veux vivre avec toi… ».

En principe, à la sortie de l’Œdipe, on est 3, fortement liés par de l’amour, de l’identification, de la haine, liés autour de l’idée de la différence. L’idée du choix d’objet est bien établi et le choix d’objet par étayage possible. Au contraire, si on ne peut aimer sa mère sans détester son père et inversement, (pas place pour 3 !) alors, on n’a pas établi sa triangulation : la petite fille, le petit garçon ne veut pas de cette triangulation et son choix d’objet sera narcissique.

La relation qu’ont nos parents avec nous, nous influencent quant au choix d’objet.

Le choix d’objet narcissique limite l’individu car il exclut tous ceux qui ne rentrent pas dans notre propre narcissisme.

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4 – La problématique du lien amoureux

La spécificité du lien amoureux

Le sentiment amoureux est profondément individuel et fabriqué à partir de l’imaginaire de la personne : si l’on tombe amoureux, c’est parce qu’on se représente ainsi (projection réception) ; le « couple actuel » est soumis à l’imaginaire amoureux des 2 partenaires. Ainsi le couple actuel est plus précaire et plus sujet à être remis en cause du jour au lendemain.

L’articulation « ressemblance/différence » est centrale dans la formation du couple, il s’agit d’un processus dynamique et complexe lié à la recomposition des identités donc à l’histoire particulière de la personne : on choisit comme conjoint quelqu’un qui nous aide à consolider les défenses de notre moi, c’est à dire contribue à nous équilibrer, la satisfaction libidinale n’est pas ici l’essentiel ( ce qui est par contre le cas dans le choix du partenaire d’une nuit). Dans le choix d’un conjoint, par définition destiné « à durer » au moins un peu, il y a une dimension défensive réciproque. 

Il y a cette dimension défensive du couple que ce soit dans le choix d’objet par étayage ou narcissique.

Exemple de choix d’objet narcissique : la femme qui choisit l’homme parce qu’il l’aime tellement… même s’il n’est pas fantastique par ailleurs. Ce qui l’intéresse, c’est le fait d’être aimé.

Des règles de correspondances peuvent être mises en évidence …

Les règles de correspondance :

Les mécanismes qui président au choix du conjoint tendent à maintenir les structures anciennes et les individus sont fortement déterminés dans leurs choix par la question de la reproduction et de la conservation de l’ordre social, ce qui limite leur liberté. Les individus se dégagent difficilement de leur statut hérité lorsqu’ils se présentent au mariage, ce dernier est un élément central du mécanisme de conservation des hiérarchies sociales et le choix du conjoint peut être dérivé positivement ou négativement du rapport au parent.

Le choix du conjoint est donc référencé à l’image parentale.

Cette tonalité est à croiser :

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Un choix de parent qui se réfère positivement au parent du même sexe que le conjoint serait celui qui poserait le moins de problème (seule problématique possible : une trop grande proximité entre le père et le mari)

Dans ce cas, le père et le conjoint sont trop confondus dans son esprit, le conjoint « bénéficie » de l’interdit de l’inceste => impuissance sélective, frigidité.

Pour les hommes qui choisissent des femmes trop « confondues » avec leur mère : ces femmes qu’ils aiment, ils ne peuvent leurs faire l’amour : elles sont interdites comme la mère ; ça se produit parfois aussi après la naissance d’un enfant.

Autre configuration :

Choisir un conjoint pour reproduire la relation qu’avaient nos parents entre eux : reproduire la relation parentale.

Bien repérer ici le rôle des représentations du lien.

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Le choc amoureux

C’est le résultat d’une prédisposition sociale et cognitive qui place le sujet dans les conditions de pouvoir ou devoir l’éprouver. On est « prêt » pour rencontrer le grand amour, on doit être dans uns disposition d’esprit particulière…  on n’est pas amoureux n’importe quand …

Au contraire, l’attachement se forge plutôt dans l’intellect sur la base de la répétitivité du quotidien.

De nombreux couples passent successivement de l’une à l’autre de ces 2 formes amoureuses.

L’amour est une construction qui est à la base de l’illusion amoureuse : on vit à travers un rêve qui ne correspond pas vraiment à la réalité. 

Le coup de foudre, ça se vit comme un fait accompli, comme si on était déjà amoureux avant de s’être connus : on plonge directement dans l’illusion.

Ce coup de foudre intervient dans la période de dépression : il a un effet antidépresseur immédiat, il sous-entend la réciprocité : « nous deux ensemble, c’est formidable, ce qu’on vit personne ne l’a jamais vécu avant nous… ! »

C’est exclusif et régressif. On va se dire « notre amour est extraordinaire et unique, nous nous satisfaisons l’un à l’autre ! » en référence à tout moment à la constitution du Moi chez l’enfant.

A ce moment-là de constitution de son Moi,  l’enfant admet comme étant « Moi » tout ce qui est de l’ordre du plaisir, du bon et du « Non-Moi » tout ce qui est de l’ordre du déplaisir : l’autre est alors automatiquement marqué du signe « mauvais ».

Dans la lune de miel, on englobe un autre dans la sphère du Moi, du bon , du plaisir : tout le reste est relégué dans le « ça ne nous intéresse pas ».

L’amour est un refus d’évaluation de type scientifique, un refus de regarder la réalité en face pour ne voir que le bon côté des choses, il est un arbitraire aveuglant qui isole la personne aimée de toutes les autres, qui crée un lien. Plus le déni de la réalité est fort, plus le lien paraît puissant.

D’ailleurs, plus les candidats disent vouloir faire un choix rationnel, plus il leur est difficile de trouver un partenaire ! !

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Le contrat amoureux : l’élargissement de soi.

Le sentiment amoureux est étroitement lié au choix du conjoint, il est également lié à la construction de l’identité personnelle.

Le « soi » ne peut s’affirmer que dans une relation à l’autre.

La passion positive l’être quel qu’il soit. L’amour est inséparable de la construction de notre identité ;  c’est ce qui permettre à bébé de grandir et de se développer et à l’adulte aussi.

Mais qu’est ce que l’amour ? c’est une construction par un regard positivant ; celui qu’on projette sur l’objet de notre intérêt pour recevoir en retour une image positivée de nous-mêmes, ce qui nous permettra de forger notre personnalité : c’est d’abord une projection …  puis une réception … et une projection en retour.

Ainsi nous nous représentons le monde et nous-mêmes à partir de la fabrication de l’unité de notre personne et de l’estime de soi. On ne peut aimer un autre que si l’on s’aime soi même. Et on reçoit en retour une image de soi positivée ; c’est une position  narcissique de recherche du bien être (comme celle procuré par notre premier objet d’amour.)

Le sentiment amoureux pour ce qui nous entoure est donc un simple élargissement de la construction positive d’un moi cohérent et individuel : ainsi la sentiment amoureux s’inscrit dans la réalité du processus identitaire. 

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Le renforcement mutuel de l’identité.

La passion est donc un développement logique du processus identitaire ; elle s’inscrit dans l’histoire de notre subjectivité, elle y participe et permet sa maturation .

Elle n’est un élargissement du soi que si elle déclenche le sentiment en sens inverse : dès leur première rencontre les futurs partenaires ébauchent les termes d’un « marché », qui réglera ensuite leurs échanges, ce que chacun donnera (biens et services d’une certaine nature) contre ce qu’il recevra. A l’intérieur de ce marché, le contrat amoureux est important : sentiment contre sentiment, regard positif sur l’autre contre regard positif sur soi, refus mutuel de la critique et de l’agressivité.

Le service échangé est identique : il consiste à reconnaître la personne comme personne et à renforcer sa positivation, à l’aider par ce soutien extérieur à l’élargissement et à la densification de sa réalité d’être.

Ce que chacun recherche pour lui-même.

Le miracle de l’amour est de réaliser cet échange dans le cadre de liaisons complexes avec des émotions liées au biologique, liant sentiment et sexualité.

Ici prennent place toutes les modalités qui font que l’autre peut pervertir ce lien et cet échange. 

Le plus difficile à gérer c’est quand l’un ou l’autre des partenaires changent unilatéralement les termes du contrat où quand il y a eu maldonne au départ sur le contrat lui-même.

Chacun doit y trouver son compte, et la couple tiendra tant que ce sera le cas.

Dès les premiers regards, dès les premiers mots, les premiers instants passés en commun, un processus collectif s’est mis en branle qui pousse chacun à « typifier » l’autre, à se conformer aux attentes supposées, à construire un marché d’échanges spécifiques ou les deux partenaires trouveront leur intérêt. La suite ne sera qu’accumulation jour après jour de règles nouvelles à l’intérieur de ce cadre, d’habitudes donnant davantage de densité à la relation.

Toutefois l’intégration doit être progressive pour que puisse se définir pas à pas les positions relatives les mieux adaptées et la faisabilité de l’accord avec la possibilité de pouvoir éventuellement se retirer avant l’engagement du mariage.

La défense des intérêts personnels et la reformulation de l’identité de chacun sont ici centrales.

Le couple mène un double jeu dont il n’a pas conscience. Officiellement, il est lié sans arrière pensée par le sentiment et l’attrait mutuel, dans le bonheur de l’instant présent. Secrètement, plus ou moins consciemment, l’un et l’autre s’épie, calcule, évalue.

Quand « ça » marche, la mise en place du contrat amoureux a construit l’habitude d’une reconnaissance réciproque minimum. L’institution conjugale fonctionne désormais comme un support ordinaire de l’identité.

Mais cette reconnaissance routinière n’est pas toujours suffisante, l’individu souhaite être confirmé plus concrètement, plus fortement, dans son identité spécifique : « est ce que tu m’aimes vraiment pour ce que je suis ?… Tu m’aimes comment ?. 

Il est important que ce joue dans cette partition des moments de « surprise » qui démontrent que la personne aimée est toujours là, prête à vous séduire, à vous écouter … même si ce sont des morceaux de répertoire déjà joués .

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5 – la typologie des couples, les scénarios d’adaptation

Le choix d’objet n’est que l’un des éléments déterminants du couple, il faut prendre en compte le type de lien.

1er type de lien organisateur : la relation d’objet (narcissique ou par étayage)

Ce que nous avons développer antérieurement

2ème organisateur : le soi-conjoint, représentation que les 2 partenaires ont de leurs couples dans une continuité espace/temps.

Ça comprend : – le sentiment d’appartenance au couple (+ ou -)

l’habitat intérieur (idée « où est-ce que j’habite ? où c’est chez   moi ? »)

l’idéal du moi-conjoint 

L’idéal du moi individuel, c’est le personnage que je veux être : personnage composite (aspect des parents idéalisés, identification à des personnages)

L’idéal du moi conjoint, c’est le type de couple que ces deux-là voudraient être.

3ème organisateur : l’interfantasmatisation.

Au fond, c’est l’activité fantasmatique commune qui crée un espace psychique conjoint ; activité consciente ou inconsciente, très importante au début de la vie amoureuse et qui détermine le mode de conflictualité à venir.

Cela permet de déterminer 3 grands types de couples

  • le couple normal/névrotique
  • le coupe anaclytique dépressif (=dépendants)
  • le couple dit à partenaires psychotiques (ou narcissiques)
  1. Le couple à partenaires psychotiques 

Est traversé par un fantasme essentiel : « nous ne sommes qu’un ». Fantasme conscient mais le plus souvent inconscient. Couple qui est marqué par l’aspiration à la fusion => la différence est insupportable ! Le problème central est celui de la domination et du pouvoir ; le profil d’interaction, marqué par le sadomasochisme, met en lumière les défaillances de l’autre, qu’on cherche à contrôler.

Sexualité : mariage parfois dit « blanc », parce que la sexualité n’est pas très investie, ce n’est pas le problème. Le problème, le plus important,  c’est de contrôler l’autre et sa vie.

En ce qui concerne les organisateur du lien : 

– 1 – Relation d’objet : narcissique

– 2 –  Soi-conjoint : le sentiment d’appartenance au couple n’est pas clair, il fait l’objet de négociations constantes car le couple est tout le temps mis en danger par l’apparition de différences ; il faut toujours tout renégocier.

Wastlawick dans « Faites vous-même votre malheur » cite cette phrase typique de ce type de couple « si tu m’aimais vraiment, tu aimerais l’ail ! »

       Idéal du Moi conjoint est confondu avec le Moi Idéal narcissique.

La métaphore de cela, c’est, soit : – « mon couple me comble ! »

« mon couple me détruit ! »

Le Moi Idéal narcissique, c’est le désir d’être comblé, euphorie du bébé dans le regard aimant de la mère, aspect normal de l’expérience, c’est à çà que sert l’amour …

Relation du tout ou rien : « c’est ma vie qui est en danger dans ce couple-là… » ;ça peut conduire au crime passionnel ; ça introduit l’idée que l’un de 2 est psychotique. Pour les 2, de toutes façons, le lien est de type psychotique et ça les engage tous les 2.

– 3 – L’interfantasmatisation est fondée sur le risque d’anéantissement, la dévoration, la possession, une représentation confuse de la différence des sexes, l’idée que si on fait des enfants ils seront des monstres (violence parentale envers les enfants parce qu’ils ne sont que des bébés frustrants, pas assez aimants et puis, s’ils sont nés de cette union là, ils ne peuvent être que des monstres)

Ne faire qu’un, pas de place pour 2, à fortiori pour 3…

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  1. Les couples dépendants dépressifs

Ce couple-là fonctionne autour du fantasme « ensemble nous sommes forts !» 

Chacun rassure l’autre, chacun est le tuteur de l’autre, le couple a essentiellement pour fonction d’atténuer la détresse subjective de chacun.

Les partenaires sont différents, mais pas par le différence des sexes ; il y a le grand et le petit ; le dépendant et l’indépendant ; le vécu de cette différence c’est, de temps en temps l’éblouissement, la séduction soit le désenchantement, quand on tombe de son piédestal…

Couple très sensible au changement, très préoccupé par des personnes extérieures (tiers, famille, belle famille)

Sexualité : plutôt évitée, pas très investie, on s’ennuie un peu…

En ce qui concerne les organisateurs du lien :

– 1 – Relation d’objet : par étayage. Pour chacun des partenaires, c’est plutôt la partenaire de l’enfance et le désir de retrouver avec le conjoint  la relation avec le parent.

Ce type de couple démarre assez souvent après une période de deuil => couple défense contre la dépression.

– 2 – Soi-conjoint : sentiment d’appartenance, habitat intérieur investi et présent.

Surinvestissement des « choses matérielles » : maison, mobilier ( différent des couples pour lesquels « chez nous, c’est notre couple »)

Ici, la sécurité dépend des choses, des objets.

Idéal du Moi conjoint : fragile parce que confondu avec l’idéalisation du partenaire ou de soi-même, « notre couple est formidable, parce que depuis qu’il est avec moi, il ne boit plus ! »

– 3 – l’Interfantasmatisation est fondée sur la perte et la nuisance réciproque : il va être positif ou négatif pour moi => c’est le problème de la dépendance.

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C/ Le couple normal/névrotique

Couple dont le fantasme serait : « nous nous aimons parce que nous sommes différents et complémentaires .. . » Lien libidinal et intense : on se fâche et on se réconcilie : les identifications sont complexes, ce n’est pas tout bon ou tout mauvais (c’est une autre relation à l’objet total), la différence est le pivot du couple.

Difficultés : jalousie, rivalité professionnelle entre les 2 conjoints.

Difficultés sexuelles liés à l’ambivalence de la relation.

Organisateurs du lien

– 1 – Relation d’objet « triangulé » : l’objet étant différent à donc d’autres liens, on n’est pas tout pour lui. 

– 2 – Soi-conjoint : sentiment d’appartenance au couple + habitat conjoint.

Idéal du Moi conjoint : désir d’approfondir leur relation marquée d’un  investissement de la fécondité.

– 3 – Inter fantasmatisation : fondée sur la séduction sexuelle, la castration, je ne peux ni tout faire, ni tout être. Bisexualité psychique : « je ne suis pas un homme, mais la relation peut faire vivre en moi mon masculin ».

La bisexualité psychique, c’est le sentiment d’avoir des traits des 2 sexes, ça trouve son origine dans le fait qu’on s’est identifié à un père et à une mère.

C’est important dans la relation hétérosexuelle : parce que pour aimer quelqu’un de l’autre sexe, il faut pourvoir s’identifier à lui, à son plaisir sexuel à lui.

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La typologie des couples met en évidence trois types d’adaptation défensive de l’association de remèdes.

Le scénario « choisi » par le couple est l’expression de l’organisation lui permettant de fonctionner et de durer, au moins un certain temps, le temps de la guérison du conflit psychique qui les a rassemblés.

Ainsi on assiste au paradoxe de deux partenaires de type, par exemple, Phosphorus/Aurum, partageant la même problématique « tub/luèse » hyperfonction sur vide d’identité, et s’associant dans un type couple normal/névrotique défensif. De tendance « psychose » l’un et l’autre, l’association dans une autre typologie aurait été «  ingérable » et invivable.

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LES MYTHES

A cette typologie des couples correspondent trois mythes. Les mythes donnent forme aux grandes problématiques de la psyché humaine.

  1. Le mythe d’Adam et Eve

Au début il n’y a pas de différence des sexes… Adam : la Terre,  Eve : la mère des vivants.

Ce mythe illustre une représentation du couple dit névrotique.

Il présente les 3 états de l’humanité :

  • l’état idyllique, édénique
  • la transgression = la condition humaine
  • l’état virtuel : et si il avait mangé aussi de l’arbre de vie …

En quoi ces trois états s’opposent-ils les uns aux autres ?

Dans l’Eden, les fruits poussent seuls, il y a un rapport harmonieux à la nature, les animaux ne sont pas féroces et aiment l’homme etc…

La différence des sexes est invisible, elle n’est pas investie de significations propres ;  sur le plan de la connaissance, l’entendement est à acquérir ;  l’homme est innocent : il ne fait pas de différence, il n’y a pas d’intelligence (capacité à faire des différences)

Personne n’est nommé, il y a l’homme, il y a la femme mais pas nommés c’est à dire sans identité individuelle.

Pas de reproduction, pas de longévité.

Nous sommes avant la différence des sexes, le discernement avant la différence des générations.

La transgression « manger de l’arbre de la connaissance », amène à la condition humaine.

Il y a la mort, la guerre, une domination violente de l’homme sur l’animal.

C’est l’apparition de la différence des sexes (pudeur = investissement), de la connaissance, du discernement, de l’identité individuelle subjective, de la mort par rapport à la vie, de la différence des générations.

C’est ce qui caractérise la psyché humaine après l’Œdipe, et ce qui fonde le couple normal névrotique avec le tableau d’une conflictualité profonde dans les êtres et entre les êtres.

Pour être adulte, il y a toujours une forme de transgressions à faire, ou au moins il faut l’avoir pensé…

L’état édénique est un état illusoire infantile.

Troisième état : et s’ils avaient mangé de l’arbre de vie ? …ils seraient immortels ! … 

  1. Le mythe d’Aristophane

Illustration du couple à partenaire psychotique. C’est le lien narcissique par excellence ; il représente l’amour au premier chef dans la culture fondamentale.

Dans le mythe, la sphère c’est la perfection, le « clos sur soi »… un être unique fusionne, une seule tête pour 2 visages, c’est la négation de la différence.

La séparation rend faible, il y a fantasme d’être complet .

Sexion : une des figures de la castration, quand on rencontre la différence des sexes, c’est d’assumer le fait que quelque chose a été coupé. Le mythe représente le fait qu’on ne peut pas être les deux.

La relation sexuelle est accessoire uniquement pour la procréation et la survie de l’espèce.

Le Moi Idéal narcissique est avant la différence des sexes.

Fantasme de l’androgynat : ce que représente la sphère, avoir les 2 sexes et être complets de cette manière ; il n’est pas loin d’être idéal … quand on est complet, on est puissant on a tout …c’est une théorisation de l’homosexualité.

  1. Le mythe d’Orphée et Eurydice

Illustration du couple dépendant dépressif : elle meurt… il la poursuit dans la mort, c’est comme s’il mourait avec elle. Le sentiment de perte organise le mythe, la perte de l’objet.

Problème de la séduction, il est un grand séducteur, il séduit même les arbres, même le passeur.

Sa vie à elle dépend de lui, il ne peut s’empêcher de se retourner pour que le lien soit vivant, il faut que l’autre soit là, il faut qu’il soit présent, le lien n’est pas intériorisé ; s’il ne se retourne pas, il n’est pas sûr qu’elle soit là : le lien interne n’est pas sûr … « Loin des yeux, loin du cœur ! »

Comme il n’a pas intériorisé le lien, il ne peut pas survivre à sa perte. Poète, chanteur, séducteur, c’est une personnalité dépendante, fonctionnant beaucoup à la séduction : « S’il n’y a pas quelque part quelqu’un qui m’aime, je ne suis rien ».

Se voir dans son regard à elle ! (narcissisme). Ce qui est fragile, c’est d’abord le lien de soi à soi. 

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6 – Le cycle conjugal

De la première rencontre au confort conjugal

Le premier temps du cycle conjugal est celui des incertitudes et des découvertes baignées dans l’émotionnel et le sexuel. (Agnus castus ?)

«C’est le pied !» … on est comme « hors du temps » dans le présent d’une histoire neuve (sans passé) et sans encore de futur (tous les espoirs sont permis !) l’essentiel est investi dans la relation qui unit les deux personnes.

La faiblesse des cadres de socialisation de cette étape, la place central prise par le relationnel et l’angoisse liées aux reformulations identitaires, expliquent que ce premier temps soit celui des émotions et du sentiment. Le corps et les pensées ne peuvent pas ne pas être affectés par ce profond bouleversement de soi.

Un première étape se signe lorsque les premiers objets personnels sont installés chez le partenaire, le premier étant souvent la brosse à dents. Les objets renferment une part de nous-mêmes ; ça les constituent en objets familiers. Un couple qui commence à vivre ensemble est une machine à accumuler des objets . Les meubles et appareils ménagers restent encore vaguement propriété de l’un ou de l’autre et induisent peu d’effet de collectivisation du système domestique. Mais c’est l’achat du lave-linge qui signe, accélère et renforce cette collectivisation . On est installé dans la vie à deux quand on lave son linge sale ensemble … ! très symbolique tout ça. Le linge est mélangé et traité conjugalement et nous avec.

La rencontre entre deux personnes.

C’est une activité des plus banales qui se produit quotidiennement ; la fonction principale de ces rencontres ordinaires est généralement de conforter chacun dans son identité et son rôle social.

La rencontre ordinaire tend donc à reproduire des codes extérieurs, définis, de l’identité, elle alourdit le passé hérité, du fait que l’on est ce que l’on est, avec notre histoire personnelle, plus ou moins bien digérée et comprise d’ailleurs…

Ce type de rencontre n’est donc pas explosivement destructurant du lien social, mais en quelque sorte elle nous protège des ondes de choc qui nous cernent quotidiennement.

Parmi ces personnes que nous rencontrons quotidiennement, certaines sont susceptibles de redéfinir notre futur (sur un plan professionnel, militant, sur le plan des idées etc…) Mais d’autres peuvent l’être sur le plan conjugal.

A une condition, et c’est cette condition même que ne peuvent remplir ces personnes qui disent « je ne fais jamais de rencontres intéressantes » et se lamentent sur leur célibat.

Il suffit de sortir de la définition répétitive de soi par le passé incorporé et de laisser ouverte la possibilité d’une identification nouvelle, d’un avenir différent ; il faut accepter de se voir autrement et de changer. 

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Ça sous-entend qu’on ait à sa disposition un minimum d’énergie pour « aller vers l’autre » et de capacité à se mettre en cause, à s’impliquer dans autre chose que son « intérieur » matériel et psychique (la prise d’un remède homéo peut donner l’impulsion en améliorant l’adaptation, en « relançant la machine »).

Plus un remède est en vide d’énergie (les carboniques, Calcarea carbonica, Kalium carb), plus il se bloque sur un vide d’identité (Arsenicum album, Sepia, Natrum Muriaticum) moins il aura d’énergie pour se tourner vers l’autre).

 

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En construction …

 

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