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Le pain

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Aujourd’hui, la plupart des boulangeries sont des chaînes. Elles vendent de la pâte surgelée cuite dans des fours électriques. C’est ainsi que vous obtenez une “boule bio” ou un “pain aux quatre-céréales” pour 4 ou 5 euros. Sans surprise, ce pain moderne est accusé de provoquer des problèmes digestifs, des allergies, de l’eczéma, de rendre l’intestin poreux, d’aggraver les maladies auto-immunes, le surpoids, le diabète, la dépression…

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La France et le pain, une grande histoire d’amour ❤️ Mais, pas évident de choisir le meilleur pour la santé tellement il existe de types de pains différents ! Les Français consomment en moyenne 120g par jour soit… 44 kgs par an ! Avec une quantité aussi importante, il est donc nécessaire de se poser la question de l’impact du pain sur notre santé afin de choisir le bon type de pain. 

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Un peu d’histoire … 

Les blés anciens de Mésopotamie n’avaient que 14 chromosomes (contre 46 pour les blés hydrides modernes). Ils poussaient sur des sols pauvres, rocailleux, sans glyphosate ni pesticides. Ils ne supportaient pas les engrais. Ils produisaient aussi, c’est logique, dix fois moins que les blés actuels de la Beauce. Et les récoltes étaient soumises aux aléas du climat, des maladies, des rongeurs et des insectes.

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Le blé était moissonné à la serpe, une fois bien mûr, puis battu avec des fléaux en bois, enfin vanné à la main (pour séparer le grain de la bâle, c’est-à-dire l’enveloppe). Le grain était moulu délicatement, sur de grandes meules de silex qui tournaient très lentement. Cela évitait d’échauffer le grain et produisait une farine grasse, pleine de nutriments (aujourd’hui, les moulins séparent les farines et suppriment le germe et le son). Aussi important, la farine fraîche était mélangée à une eau de source pure, sans chlore.

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Chaque village avait son propre levain

Mais la plus grande différence entre le pain de l’Antiquité et le nôtre, c’est le levain. Le levain n’a rien à voir avec la “levure de boulanger”, levure de bière et encore moins levure chimique : il est constitué d’une flore microbienne complexe, bactéries lactiques, levures et même moisissures totalement dépendante du lieu où il a été fait. Chaque village avait son propre levain, et le goût du pain n’était pas le même d’une région à l’autre. C’est pourquoi le pain que l’on mangeait à Babylone, à Nazareth, à Rome autrefois, n’avait rien à voir !

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Aujourd’hui … Pain blanc ou pain complet ?

Le pain complet est bien plus riche en fibres que le pain blanc. En effet, la farine utilisée pour le pain complet est faite à partir des grains entiers qui conservent leur enveloppe (le son). Or, l’enveloppe est la partie du grain qui contient le plus de fibres. On compte ainsi dans le pain complet environ 2 fois plus de fibres que dans le pain blanc. Or, notre consommation de fibres est souvent insuffisante. Pourtant, les fibres jouent un rôle essentiel afin de réguler notre glycémie, d’éliminer certains éléments toxiques que nous ingérons comme les pesticides et de renforcer notre système immunitaire.

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Le pain complet est aussi plus riche en vitamine B et en minéraux (fer, manganèse, magnésium, zinc, sélénium…). Ils sont en effet contenus dans l’enveloppe du grain, mais aussi dans le germe qui est détruit lors du processus de raffinage. Attention cependant, le pain complet :

  1. est à choisir impérativement bio, car l’enveloppe de la graine est la partie qui contient le plus de pesticides.
  2. contient des composés (les phytates notamment) qui limitent l’absorption du calcium et du zinc.

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Le pain blanc, et notamment la baguette, peut par ailleurs contenir de nombreux additifs qui ont pour objectif d’accélérer la fabrication et d’améliorer la conservation. Pour les inconditionnels de la baguette, préférez la « baguette tradition » car son appellation exige qu’elle ne renferme aucun additif et oblige ainsi les boulangers à utiliser des farines de meilleure qualité pour sa fabrication.

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Le pain intégral est réalisé avec une farine qui n’a reçu aucun raffinage et qui conserve ainsi l’intégralité des composants de la céréale (la farine utilisée pour le pain complet a quant à elle été légèrement raffinée).

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À base de quelle farine ?

Le gluten est ce qui permet l’élasticité d’une pâte. Le problème du gluten réside dans le fait que nos variétés modernes de blé ont subi de nombreux croisements génétiques afin d’augmenter la concentration en gluten du blé et rendre ainsi la pâte plus élastique pour avoir de meilleurs rendements. Notre organisme se retrouve donc à devoir assimiler une quantité beaucoup plus abondante de gluten qu’avant. Or, le gluten contribue à augmenter la perméabilité intestinale : la muqueuse intestinale devient plus perméable et laisse passer des fragments qui n’auraient normalement pas dû passer. Cela peut alors entraîner des réactions inflammatoires et contribuer aux risques d’apparition de troubles fonctionnels et d’hypersensibilités alimentaires (inconforts digestifs, inflammations intestinales, migraines), voire augmenter le risque de déclenchement d’infections à répétition, de pathologies inflammatoires chroniques ou auto-immunes en cas de prédisposition génétique.

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La farine de blé est très riche en gluten, il est donc intéressant de varier les types de farine pour des variétés moins riches en gluten. Une alternative intéressante est la farine de « petit épeautre », qui contient très peu de gluten. L’épeautre est un blé rustique qui a subi peu de transformations. Il est riche en acides gras mono et poly-insaturés, en minéraux et en vitamines (E et B). Par ailleurs, ses protéines contiennent les huit acides aminés essentiels dont le corps a besoin, ce qui est rare pour une céréale. La farine d’épeautre, différente de celle de « petit épeautre », est plus riche en gluten et donc un peu moins digeste.

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La farine de sarrasin est aussi une alternative intéressante : elle est riche en fibres, en protéines et en antioxydants. Le sarrasin a par ailleurs un effet probiotique : il stimule la flore intestinale et aide ainsi à renforcer le système immunitaire. Seul inconvénient de la farine de sarrasin, elle a un indice glycémique plus élevé. Enfin, vous pouvez aussi opter pour de la farine de seigle. Pauvre en gluten, le seigle est riche en fibres et en antioxydants.

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Les farines de quinoa, riz, maïs ou encore châtaigne sont également des alternatives contenant peu ou pas de gluten, mais dont l’intérêt nutritionnel est limité. Le riz est par ailleurs connu pour sa capacité à absorber fortement les substances toxiques (en particulier l’arsenic) et à accumuler les métaux lourds : il est donc fortement recommandé de choisir un pain bio s’il est à base de farine de riz. Les farines de châtaigne et de riz ont par ailleurs un indice glycémique élevé.

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Un autre élément à prendre en considération pour la farine est la finesse de raffinage, notamment si vous faites votre pain maison. Elle est indiquée avec la lettre T suivie d’un chiffre. Plus le chiffre est élevé, moins la farine est raffinée. Chaque farine a son propre système de code. Pour la farine de blé, les codes sont les suivants :

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Pain à la levure ou au levain ?

La différence entre la levure de boulanger (à ne pas confondre avec la levure chimique utilisée pour faire lever les gâteaux) et le levain réside dans les ferments utilisés.

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La « levure de boulanger » est en réalité un champignon microscopique présenté sous forme sèche ou fraîche, et qui est aussi utilisé pour faire de la bière et du vin. Cette levure permet de produire une fermentation alcoolique rapide, et donc de réduire le temps de fermentation nécessaire pour faire lever la pâte à pain.

À la différence de la levure, le « levain » résulte de la fermentation provoquée par les bactéries présentes sur l’enveloppe du grain de blé. Il va produire une fermentation lactique, beaucoup plus lente que la fermentation alcoolique, ce qui explique sa plus faible utilisation par les boulangeries.

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Le pain au levain présente un 1er avantage : il est plus digeste. En effet, les bactéries lactiques formées au cours de la fermentation vont initier le travail d’acidification et donc de digestion. La fermentation va aussi contribuer à dégrader en partie le gluten, qui peut poser des problèmes de digestion. Il est particulièrement conseillé de choisir du pain au levain pour les pains complets qui peuvent être plus difficiles à digérer.

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Par ailleurs, l’indice glycémique du pain au levain est plus faible que celui du pain à la levure. Il est d’environ 65 contre plus de 80 pour celui à la levure. Le pain au levain va donc permettre une diffusion plus lente des glucides, et donc limiter les fringales et le stockage des glucides sous forme de graisses.

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Enfin, le pain au levain présente aussi un apport plus élevé en vitamines et minéraux. En effet, les vitamines et minéraux du pain sont enfermés dans une molécule appelée l’acide phytique. Cet acide reste intact au cours de la digestion et empêche les vitamines et minéraux de franchir la barrière intestinale pour passer dans notre organisme : ils ne sont donc pas ou peu assimilés. Dans le cas du pain au levain, les bactéries lactiques produites au cours de la fermentation vont permettre de neutraliser l’acide phytique, qui va alors libérer les vitamines et minéraux, afin qu’ils soient assimilés par l’organisme.

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Sources :

  • CIQAL – https://ciqual.anses.fr/#/aliments/7110/pain-complet-ou-integral-(a-la-farine-t150)
  • Fasano. 2011 « Zonulin and Its Regulation of Intestinal Barrier Function: The Biological Door to Inflammation, Autoimmunity, and Cancer ». Physiological Reviews 151-175.
  • Hollon et al. 2015. “Effect of gliadin on permeability of intestinal biopsy explants from celiac disease patients and patients with non-celiac gluten sensitivity”. Nutrients 7(3):1565-1577.
  • Korem T, Zeevi D, Zmora N, Weissbrod O, Bar N, Lotan-Pompan M, Avnit-Sagi T, Kosower N, Malka G, Rein M, Suez J, Goldberg BZ, Weinberger A, Levy AA, Elinav E, Segal E. Bread Affects Clinical Parameters and Induces Gut Microbiome-Associated Personal Glycemic Responses. Cell Metab. 2017 Jun 6;25(6):1243-1253.e5. doi:10.1016/j.cmet.2017.05.002. PubMed PMID: 28591632.

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