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L’hypertrophie bénigne de la prostate (HBP)

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La prostate est une glande acineuse qui sécrète les substances nutritives du sperme.De la taille et de la forme d’une châtaigne (3 x 4 x 2,5 environ), elle englobe, au dessous de la vessie, le carrefour génito-urinaire et rectal. Une capsule élastique l’entoure. Dès la quarantaine, favorisé par les antécédents de prostatite, le volume de la prostate tend à augmenter et continue de grossir avec l’âge (de 20 jusqu’à 120 cc). Elle fait alors sailli dans le fond vésical entraînant un résidu post-mictionnel (normalement inférieur à 100 cc).

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Ce n’est pas mortel, mais cela cause un inconvénient énorme : une difficulté permanente et exaspérante pour uriner. En effet, le tuyau qui vide la vessie passe à travers la prostate s’appelle l’urètre. Une prostate qui gonfle, c’est une prostate qui étrangle l’urètre, freinant le flot d’urine. L’homme a constamment envie d’aller aux toilettes mais, quand il y va, ne sortent que des gouttes… Il est poursuivi par le besoin de se soulager. Il se lève au milieu des spectacles pour se rendre aux toilettes, se lève de table, se lève la nuit… Tout ça, pour rien, ou pas grand-chose.

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L’HBP concerne 70% des hommes âgés de plus de 65 ans. On distingue classiquement quatre types de symptômes, variables d’un sujet à l’autre :

  1. Des symptômes traduisant l’obstruction : jet faible ou discontinu, retard ou effort mictionnel, incapacité à vider complètement sa vessie,
  2. Des symptômes liés aux anomalies de remplissage (hypertonie vésicale qui s’oppose à l’obstacle): pollakiurie, impétuosité, mictions nocturnes, incontinence.
  3. Des complications : lithiase, rétention urinaire aiguë (1% des cas) qui nécessite la pose en urgence d’un drain uréthral, puis si les problèmes se répètent et que la vessie s’infecte, une pathologie rénale sévère.
  4. Des dysfonctions sexuelles et une insomnie.

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Diagnostic différentiel : hyper ou hypo activité du détrusor, polyurie nocturne, calcul urétral, prostatite ou tumeur vésicale.

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Le dosage des PSA peut être informatif : son taux est normalement corrélé au volume prostatique. Un taux élevé avec une prostate de faible volume fera suspecter un éventuel cancer prostatique, tandis qu’un taux élevé avec une prostate volumineuse orientera vers un adénome.

Après 75 ans, le risque de cancer prostatique redevient à peu près nul …

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Plusieurs classes thérapeutiques sont utilisées (aux essais comparatifs, ils sont à égalité d’efficacité, mais n’influent pas sur le volume prostatique, ni sur le taux de PSA) :

  1. les Alpha 1 bloquants sélectifs … qui préviennent la contraction du muscle lisse de la prostate et du col vésical, aux effets hypotenseurs (ex.: alfuzosine, tamsuloside), qui peuvent entrainer des troubles de l’éjaculation et a parfois des effets secondaires à type de prurit féroce !
  2. les inhibiteurs de la 5 alpha réductase (qui favorise l’adénome, en transformant la testostérone en dihydrotestostérone) … L’Agence du médicament (ANSM) rappelle aux professionnels de santé et aux patients que des troubles psychiatriques (tels qu’anxiété, changement d’humeur, dépression et pensées suicidaires) ainsi que des troubles de la fonction sexuelle (dysfonction érectile, troubles de l’éjaculation, diminution de la libido) ont été rapportés chez des patients traités par finastéride 1 mg (PROPECIA et génériques) ou 5 mg (CHIBRO-PROSCAR et génériques).
  3. L’association de ces deux produits (Duodart – en Suisse) évite l’obstruction et prétend réduire – au bout d’une année – le taux des PSA de moitié.
  4. les traitements phytothérapiques décongestionnants : Permixon, Tadenan (Prunier d’afrique), Aesculus …

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En homéopathie, nous avons un remède assez « spécifique » de l’adénome prostatique : Sabal serrulata (1 à 3 DH), les baies de palmier nain américain. 

Plus précisément nous obtiendrons un effet potentialisé en associant le polycrest et son draineur tissulaire :

  • Aurum iodatum et/ou Conium mac. (au) … induration ligneuse, jet intermittent, atrophie testiculaire
  • Picricum acidum et/ou Aurum … priapisme (envahissement lymphatique d’un K de la prostate ?).
  • Baryta carb. et/ou Selenium (s) … sclérose vasculaire, pertes d’urines après la miction ou les selles.
  • Causticum … urine mieux debout et même parfois sans s’en rendre compte !
  • Lycopodium et/ou Uva ursi (al), Chimaphilla umbellata (al), Pariera brava (al) ou Hydrangea (al) … l’Hortensia : prostatisme sur lithiase rénale ou antécédent goutteux

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Hydrangea

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  • Pulsatilla et/ou Clematis erecta (si) … dysurie, interruption du jet
  • Thuya occ. et/ou Aristolochia clematitis (na) … sur notion d’infection urinaire ancienne.

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Homéopathie complexiste :

  1. SABAL-HOMACCORD (Sabal TM/D10/D30/ Hepar sulf. D10/D15/D30/D200) … 1er stade
  2. PLANTAGO-HOMACCORD (Belladonna / Ignatia / Plantago D2/D10/D15/D200) … incontinence
  3. POPULUS Compositum … le retentissement rénal (Apis D3 / Cantharis D3 / Capsicum D3 / Populus TM / Sabal serulata TM / Equisetum / Uva ursi D3)
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Lab. Boiron : Sabal serulata comp. = SABAL SERRULATA 3CH + PICRICUM ACIDUM 3CH + BARYTA CARBONICA 3CH + BERBERIS VULGARIS 3CH + THUYA OCCIDENTALIS 3CH + PULSATILLA 3CH + CONIUM MACULATUM 3CH + THLASPI BURSA-PASTORIS 6DH
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Anthroposophie (formule Weleda n°555) : Berberis vulg. D3 + Magnesite D12 + Populus tremula D4 + Sabal serulata D4 + Solidago virga aurea D3 + Thuya occ. D10 aa

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En MTC : les « Quatre Subarashis » (Les Quatre Merveilleux). Au Japon, ces quatre super-nutriments permettraient aux hommes de conserver une prostate en parfait état de marche…

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Phytothérapie (plantes les plus classiquement proposées): 

  • Le palmier nain (Serenoa repens, que les Américains appellent « saw palmetto ») est un arbuste dont les baies contiennent des stérols, substances qui auraient la propriété de soulager les symptômes de l’hypertrophie bénigne de la prostate. Plusieurs analyses croisées d’essais cliniques ont confirmé son intérêt dans le traitement des difficultés urinaires liées aux problèmes de prostate.
  • Le prunier d’Afrique (Pygeum africanum = Tadenan) est un arbre dont l’écorce est utilisée pour produire des extraits standardisés contenant des stérols et du doconasol. Une analyse croisée de 18 essais cliniques pointe une certaine efficacité, mais moindre que celle des extraits de palmier nain.
  • Les graines de courge, ainsi que l’huile de graines de courge (Cucurbita pepo) sont reconnus par la Commission européenne pour « faciliter l’émission d’urine chez les hommes souffrant d’hypertrophie bénigne de la prostate ». Ces graines contiennent de nombreuses substances (phytostérols, acides gras essentiels, etc.) dont l’action sur la prostate est cependant mal connue. Leur usage dans cette indication repose sur la tradition.
  • La racine d’ortie
  • Le pollen de fleurs de seigle.
  • Épilobium parviflorum ou épilobe à petites fleurs. Elle a été rendue célèbre grâce à Maria Treben, botaniste autrichienne qui identifia précisément les molécules actives. 15 à 30 gouttes/jour de TM.

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Notez le triple action de l’épilobe sur la prostate :

  • Un effet anti-inflammatoire: L’inflammation peut jouer un rôle dans le développement de l’HBP. Certains composés présents dans l’épilobe ont montré des propriétés anti-inflammatoires, aidant potentiellement à réduire l’inflammation dans la prostate.
  • Un effet sur les hormones: Des études préliminaires suggèrent que l’épilobe pourrait influencer les niveaux d’hormones, en particulier la DHT qui font grossir la prostate. En régulant ces niveaux hormonaux, il pourrait contribuer à ralentir sa croissance.
  • Un effet antioxydant: L’épilobe est riche en antioxydants, qui aident à neutraliser les radicaux libres dans le corps. Les radicaux libres peuvent contribuer à l’inflammation et au vieillissement cellulaire, des facteurs liés à l’HBP.

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Epilobium

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NB. Une alopécie survenant dès l’âge de 20 ans (mutation génétique) double le risque ultérieur de cancer de la prostate, selon les résultats de l’étude parisienne du pr. P. Giraud (Annals of Oncology)!

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Sources :
[1] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC2809240/
[2] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/15049985?dopt=Abstract
https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/10736497?dopt=Abstract
[3] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/12674456?dopt=Abstract
[4] https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/9820264?dopt=Abstract

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Sur le plan chirurgical …

on discutera l’indication en fonction des pathologies associées (cardio-vasculaires, métaboliques ou neurologiques), ainsi que des résultats de la ponction-biopsie qui éliminera le risque d’une évolution tumorale :

  Biopsie prostatique

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  1. –> La résection transuréthrale réduit bien les symptômes liés à l’obstruction, il y a peu de risques d’impuissance et d’incontinence : on l’utilise surtout en cas de rétention aiguë d’urine = 30% des interventions.

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2. –> Le « traitement focal » par ultra-sons focalisés de haute intensité (HIFU), thermothérapie laser (Yag + fibre optique) par voie endo-urétrale, la « photothérapie dynamique » ou la cryoablation, sont des méthodes encore réservée à certains centres. Ces approches nécessitent toutefois une sélection préalable des patients (lésion unifocale), après biopsie et IRM.

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3. –> La prostatectomie rétropubienne classique, qui comporte une séquelle connue : l’éjaculation rétrograde. Les troubles sexuels et urinaires de cette chirurgie radicale ne sont pas si fréquents.

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4. –> La prostatectomie par voie haute est réservée aux prostates de gros volume.

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Si les prélèvements effectués révèlent un cancer, changez de chapitre …

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