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Les techniques manuelles de régulation (TMR)

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Les thérapies manuelles, ainsi que la phytothérapie, font partie des tout premiers moyens que les hommes ont utilisés pour se soigner. Il existe donc de par le monde, pléthore de techniques et manœuvres plus ou moins efficaces pour soulager de multiples symptômes, voire pathologies. En Occident, les « rebouteux », ou « rhabilleurs » de nos campagnes en ont été les héritiers. Les progrès de la médecine, de la chirurgie, et de l’imagerie médicale, ont permis relativement récemment (XIX° siècle, création de l’ostéopathie, puis au XX° de la chiropraxie, et enfin de l’étiopathie), de comprendre le pourquoi et comment de l’efficacité de bon nombre de ces manœuvres ancestrales. Et certains n’ont pas hésité à apposer leur patronyme sur des techniques qui existaient déjà bien avant leur naissance !!!

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Ayant voyagé en Afrique, en Egypte, à Madagascar, chez les tribus autochtones d’Amérique du Nord, et du Sud, quelle ne fut pas ma surprise de retrouver chez des praticiens locaux, des manœuvres soit-disant inventées par Machin ou Duchmol…. Cette mise au point étant faite, … voici une petite présentation de l’atelier pratique que j’ai eu le bonheur de présenter cet automne au sein de la FFMI.

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Jeune diplômé kinésithérapeute, j’ai rapidement cherché un enseignement complémentaire en techniques manuelles. A l’époque, peu de formations sérieuses existaient en Europe : l’ostéopathie en Angleterre (à Maidstone), et le Collège Européen d’Etiopathie de Genève (et son antenne à Paris). Sinon, il fallait partir aux USA pour les cursus d’Ostéopathie ou de Chiropraxie. Mon choix s’est porté sur l’étiopathie de Genève, et je n’ai jamais eu à le regretter. Sans oublier le travail de Françoise Maiziéres, Thérèse Bertherat (Antigym), et Marie-Lise Labonté, le massage reflexe, le drainage lymphatique, un premier niveau de kinésiologie (One Brain)… un long cursus en Analyse Transactionnelle, en lien avec le travail corporel Reichien et néo-reichien, l’EMDR, le Taî-chi et Qi-gong…

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Dans ce parcours riche, j’ai été orientée par des collègues vers une formation aux techniques de Jean Moneyron, dans le Massif Central. Cet ancien pharmacien, devenu kinésithérapeute, pratiquait une certaine forme de « reboutement » avec beaucoup de succès. Il n’a formé que quelques personnes, dont sa fille Françoise Toulouze-Moneyron, qui pratique et enseigne encore. Ce fut pour moi un gros déclic, intellectuel, sensitif, et sensoriel ; ou comment développer une qualité de toucher, et une certaine subtilité dans le dialogue entre les mains du praticien et le corps du patient. Il s’agit d’une suite de manœuvres précises à appliquer chez le patient, pour provoquer des réactions particulières selon les symptômes, et selon ce que l’on cherche à inciter comme manoeuvre déclenchante de l’autorégulation chez le patient.

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                                                                              Les systèmes Ortho (chaine latéro-vertébrale) et Para sympathiques

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On va beaucoup utiliser l’information du système nerveux autonome, ortho et para-sympathique, le long de la colonne vertébrale, et des membres supérieurs et inférieurs. Ce système, trop souvent oublié dans l’étude de la physiologie humaine, peut vraiment être sollicité de façon assez subtile, pour obtenir une réaction de type reflexe, à plusieurs niveaux :

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  • Au niveau de l’articulation sur laquelle on travaille : relâchement des tissus péri-articulaires, ligamentaires, tendineux, et aponévrotiques, d’où une libération mécanique de l’articulation (soulagement quasi immédiat), et une normalisation des informations sur les récepteurs de Golgi, disparition des tensions, des sources de messages nociceptifs, et régulations des infos neuro-végétatives concernant la vascularisation locale et en aval.

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  • Au niveau Système Nerveux périphérique, information massive dans le métamère concerné, à visée de régulation neurovégétative et vasculaire.

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  • Au niveau postural et mécanique, le fait de travailler avec le patient en position debout, ou assis, permet que celui-ci ne soit pas en position passive de « recevoir » le soin, mais participe activement (même si le plus gros du travail se fait de façon inconsciente), garde les yeux ouverts pour rester en lien avec ses repères visuels, et dans l’ »ici et maintenant ». Le relâchement et la libération des articulations des membres et de la colonne, va permettre, en étant debout, à l’encéphale, d’être « bombarder » par des informations kinesthésiques inhabituelles, mais inscrites quelque part dans la programmation posturale idéale dans la zone du cerveau qui s’occupe de la gestion de la posture et de la motricité d’accompagnement, avec le cervelet ; il s’agit là d’une activité permanente, riche, complexe, et peu consciente du cerveau, en lien avec les infos vestibulaires, visuelles, et kinesthésiques, pour rendre tous nos mouvements et déplacements possibles, sans risques, voire harmonieux. Et c’est vraiment le point fort de cette technique, avec des résultats qui m’épatent tous les jours en cabinet… autant chez des sportifs de haut niveau, des danseurs, des acrobates de cirque, des bûcherons, des musiciens, …

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  • Cette qualité de travail au niveau végétatif me permet, quand c’est nécessaire, d’appliquer des manœuvres d’ostéopathie viscérale ou crânienne bien plus facilement, avec une réponse bien plus rapide des tissus sous mes doigts, et d’inscrire ces corrections-libérations de façon bien plus pérenne pour le patient. En pratiquant ces manœuvres, il ne s’agit pas de se substituer au travail d’un ostéopathe, mais d’avoir dans votre « panoplie » de techniques thérapeutiques, un moyen simple, non dangereux, adaptable à tous, de :

— soulager une bonne partie des symptômes des patients dès la première consultation,

— par le fait de toucher ceux-ci, d’approfondir la qualité de la relation patient /praticien,

— et de recueillir par votre palpation, des renseignements non négligeables sur l’état de votre patient : les régions chaudes ou froides, les régions congestives, rouges ou blanches, les manifestations cutanées et sous-cutanées, en vide ou en plénitude, les cicatrices dont le patient oublie de vous parler, avec + ou – d’adhérences,…

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                                                                          Ci-dessus : les métamères

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Je fais ici le choix de ne pas décrire les quelques tests et les manœuvres que j’utilise, d’abord à cause de la complexité de la description du geste, de la position de chaque partie du corps du praticien, en fonction de la morphologie du patient, et ensuite pour éviter des essais malheureux et possiblement préjudiciables de praticien n’étant pas venu en formation. Je proposerai à ceux qui sont venus se former un récapitulatif le plus précis possible. Mais rien ne remplace le fait de voir, de ressentir, et d’expérimenter en séminaire…

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Ces niveaux d’actions correspondent aux points de croisement des chaines tension-musculaires = souplesse/adaptation.

  1. Rachis = haut-bas, verticalité
  2. Membres = entrées-sorties, VB-TR

La séance (diagnostic palpatoire global et correction adaptée) dure environ 20 minutes.

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1er test de base = regarder les cervicales et la première côte (D1) : la lésion est du côté qui monte le plus à la rotation de la tête !

On commence le traitement par la détente des trois scalènes (muscles derrière le sterno-cléodomastoïdien), antérieur, moyen et postérieur, puis le plexus cervico-brachial au dessous (pas vers l’extérieur !), on accroche les fibres musculaires à angle droit.

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Enfin, traitement des vertèbres cervicales, en contre-appui pouce-index et en blocage de l’autre main sur la mâchoire puis le sternum.

Le geste est de rentrer vers l’apophyse postérieure er « ça lâche tout seul ». Coude à la même hauteur. Ok si pas de résistance.

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   Testing des cervicales

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Examen de l’épaule, en la mobilisant passivement avec une amplitude croissante (circumduction), avec contrôle de l’articulation acromioclaviculaire

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Traitement de l’épaule : on commence par le membre pathologique, puis le membre sain

Faire rouler le tendon du biceps (15 GI) et du deltoïde (14 IG) vers l’extérieur

Parfois besoin de correction de la clavicule et sternum, vers le bas (12 E et 27 rein)

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Puis, on s’intéressera au coude, en position légèrement fléchit, 11 GI et 3 C) : Coude externe (épicondyle) puis interne (épitrochlée)

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Au niveau du carpe, on mettra en tension la grille des extenseurs (guitare !) des poignet et des doigts :

  • articulations trapézométacarpiennes
  • articulations métacarpo-phalangiennes

puis des fléchisseurs (main sous l’aisselle), à « cravater » vers l’extérieur :

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Traitement des dorsales : on rentre en dedans, un coté suffit, car action métamérique globale

Le mouvement se fait en ramenant les doigts pliés vers soi, avec autant de temps que nécessaire.

  • C7 à D4 = les fascia digestifs
  • D7 à D9 = les commandes sympathiques de ces organes
  • D12 = centre de la vascularisation gynéco (ovaires : à stimuler si congestion ou spasmes) et membres inférieurs

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On pourra « libérer les cotes » par traction verticale descendante D 9/ D 10/ D11, en bilatéral (sur les articulations costo-vertébrales). Exemple d’indications : traitement du pyrosis et des pathologies respiratoires.

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La « manoeuvre dynamogénique » (mobilisation globale des viscères en ascendant), se pratique debout, praticien en arrière du patient.

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2ème test de base : l’ascension de l’aile iliaque à la flexion du tronc, se fait du côté de la lésion …

Faire une traction à deux doigts en oblique à 45° vers l’extérieur (2 cm) de la charnière sacro-iliaque et lombaire

Puis avec l’autre main, tirer vers l’avant les tendons des 3 muscles adducteurs (branche ischio-pubienne) : l’articulation s’ouvre !

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Le genou : examen à 4 doigts (rotule/fémur:ménisque/tibia) de chaque côté

Traitement par détente des deux ailerons fémoro-patellaires supérieurs, puis derrière le genou, des deux tendons de muscles jumeaux (vers l’extérieur, 2 cm au dessous du creux poplité), en externe avec le triceps sural et la tête du Péroné (fibula).

On travaillera ensuite du côté sain pour rééquilibrer les compensations.

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Les chevilles : traiter (en perpendiculaire) les 3 ligaments externes (motricité des 3 derniers doigts), puis internes.

Vérifiez l’équilibre ligamentaire internes – externes (corrige les pieds plats et creux)

Puis on « fera une guitare » sur les extenseurs (les 2 interlignes) des orteils, puis les fléchisseurs des orteils (avec le pouce en contre-appui).

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Remarques générales :

1 – la stimulation osseuse se fera en compression / la stimulation tendino-musculaire en traction !

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2 – Le sacrum basculé en avant : problème viscéral / en arrière : problème vertébral adaptatif.

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