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La Chine …

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Notre télé-formation de MTC est une gageure, tant elle est ambitieuse : résumer en quelques dizaine de dossiers (certes denses) un enseignement millénaire qui nécessite – au moins – trois années de développements ?! Nous allons néanmoins nous risquer à vous proposer ce que nous avons compris (au sein de diverses écoles et lectures) de l’articulation de la pensée chinoise et de ses diverses applications, tant est difficile de rendre les différents aspects d’une pensée symbolique transmise par des idéogrammes (problèmes de traduction + leur transcription internationale en lettres latines (Pin Yin) qui se lit différemment de la prononciation française habituelle !) 

 

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Si le rôle du médecin a longtemps été confondu avec celui du prêtre, c’est qu’une vision médicale ne peut s’élaborer qu’à partir d’une vision du monde, d’une « philosophie » qui met en cause l’homme au sein du macrocosme (environnement climatique, biologique et social) et dans son devenir (naissance, croissance, reproduction et vieillissement). Chaque civilisation a élaboré sa conception des choses, donc sa relation au monde et une approche médicale différente.

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La Chine est un des cinq grands empires antiques, avec l’Inde, le Moyen orient (Egypte et Mésopotamie), l’Europe et l’Amérique. Son étendue est sensiblement égale à celle de l’Europe entière. Pour les européens, ce fut longtemps un empire lointain, mystérieux, immense … Contrairement aux autres empires, dont beaucoup furent des théocraties (Egyptienne, Inca, Christianisme, Islam …), c’est un pays où diverses religions et philosophies ont fait bon ménage, une sorte de « monde sans dieu », où le pragmatisme a toujours été mis en avant. Ainsi, l’Homme microcosme est le reflet de l’Univers macrocosme, santé et maladie ne peuvent être appréhendées en dehors de ce concept. La médecine chinoise devient un prolongement de cette sagesse, le DAO (littéralement : « la voie »). 

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On y trouve la trace des techniques de soins à l’âge de pierre, où il y est question de couteaux de pierre et autres poinçons, instruments qui portaient le nom de BIAN, qui se traduit par « utilisation de pierres pour soigner les maladies  » A ce sujet, il est important de préciser que « acupuncture » se dit ZHEN JIU, ce qui se traduit par chaleur (moxibustion) et aiguille.

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Vers 220 AC, le royaume Ts’in (le plus à l’est) unifie l’empire sous Che Houang Ti (premier empereur – dont le mausolée aux soldats de terre cuite est à présent bien connu), celui-ci débute la construction de la « Grande muraille », dont les travaux se prolongeront pendant 20 siècles, atteignant 6700 Km de long. Vers 600 après JC, a lieu le creusement du « grand canal » (du nord au sud du pays) et l’irrigation de terres arides, ce qui permet le développement du commerce, de l’artisanat et de l’agriculture. A partir de 1100 après JC apparaissent l’utilisation de la boussole, de la poudre, de l’imprimerie …

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La Chine actuelle compte neuf langages principaux différents, mais une seule écriture (toutes les tentatives pour instaurer une écriture phonétique ont échoué). De 1500 à 700 avant J-C, deux dynasties, les Shang et les Zhou, vont forger successivement l’identité culturelle de la nation chinoise, une identité bâtie par la guerre, le bronze et l’écriture. Sociologiquement, la Chine est « autoritaire et égalitaire » (comme la Russie !).

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Alors que l’empire arabo-musulman atteignait sa plénitude au 12 ème siècle (Damas avait une université prestigieuse, des banques qui adressaient des lettres de change dans le monde entier, l’éclairage public et le tout à l’égout !), l’empire chinois a vu son apogée au 14ème siècle, quand la flotte de Zheng He (1371 – 1433) le grand eunuque a, au cours de 5 expéditions, relié la Chine à l’Inde et à l’Afrique, ramenant même une girafe pour le jardin de l’empereur à Pékin !).

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Durant plus de cinq siècles, de 1 570 av. J.-C. environ à 1 045 av. J.-C., la dynastie des Shang domine la Chine antique depuis la vallée du fleuve Jaune, au Nord du pays. Les Zhou, dynastie qui leur a succédé, les ont dépeints comme des débauchés. Mais leur règne voit l’apparition de nombreuses techniques innovantes, notamment l’écriture fondée sur les idéogrammes, qui permet aux différents peuples de se comprendre malgré les disparités linguistiques.

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Le plus ancien document médical que nous ayons en notre possession est le célèbre HUANGDI NEI JING, « Canon de la médecine » écrit pendant la période des « sept royaumes combattants » (475-221 AC). C’est l’ouvrage de référence, il est composé de 2 livres, de 9 rouleaux chacun : le SU WEN (su = origine, wen = dialogue) et le LING SHU (livre des aiguilles), formés tous deux de 81 chapitres. 

C’est la période clé de la MTC (période d’ailleurs de l’école hippocratique !). C’est aussi l’époque des 100 écoles scientifiques et surtout celles du :

– Confucianisme, crée par GONG QIU, dans le royaume de Lu

– Légitimisme, crée par ZICHAN dans le royaume de Zhen

– Stratégie militaire, crée Par SUN WU dans le royaume de Ts’in

            – Taoïsme, avec pour maîtres : LAO TSEU (500 AC) et TCHOUANG TSEU (300 AC)…

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Sur le plan médical, il y eut aussi différentes écoles :

  1. –      Vers 1100, Lu Wan Su élabore « La théorie de la chaleur-feu et la notion des énergies perverses ».
  2. –      Ecole de la pathologie des « Zang et des fu » (organes – entrailles)
  3. –      Ecole de la tonification de la rate
  4. –      Ecole de « l’attaque des énergies perturbées » dans laquelle sont mises en place les techniques de traitement des énergies perturbées : sudation, ­vomification – purgation.

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Les livres chinois sont peu connus en Occident, les références principales sont :

Le NAN JING               Le DA TCHRENG                L’I SO JU MEN

A la période MING (1368-1644), l’accent est mis sur les maladies en rapport avec l’énergie innée et l’énergie acquise. De nos jours, dans les hôpitaux chinois, on insiste sur la grande différence entre les maladies externes et les maladies internes, qui sont les maladies de la profondeur, qui nécessitent l’utilisation des plantes d’une manière élaborée (formules complexes).

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Actuellement :

Avec 2 millions de médecins (6 ans de formation) pour 1,3 milliards d’habitants (la moitié des standards européens), la Chine est encore sous-médicalisée et son système de santé est très inégalitaire, mais en constante amélioration. On observe la parfaite coexistence dans le même hôpital de la MTC qui traite les cas chroniques et de services de pointe à l’occidentale qui gèrent plutôt l’aigu : urgences, réanimation et chirurgie.

Il n’y a pas de médecine ambulatoire, tout se fait à l’hôpital, c’est au patient de gagner la structure. L’organisation se fait par province (22). Les cliniques privées représentent 10% de l’offre de soins. L’hospitalisation se fait dans des chambres d’environ 10 lits, la famille est souvent présente pour nourrir le patient. Il n’y a pas de sécurité sociale, le patient paye les soins (1 à 2 ans de salaire pour une opération cardiaque), l’entreprise participant de façon variable à la prise en charge.

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Remarque anthropologique (cf. Emanuel TODD) : La Chine ayant une structure familiale « AUTORITAIRE-EGALITAIRE » (cf. droit succession) s’est normalement dotée d’une organisation centrale forte, d’abord guerrière, puis impériale et enfin communiste. On peut remarquer que son grand voisin du nord, la Russie, ayant les mêmes structure familiales a suivi le même parcours ! Il est aussi logique de constater que la GB et les USA, de structure « LIBERTAIRE-INEGALITAIRE » n’ont jamais bien compris leur fonctionnement et s’y sont toujours opposés !

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La médecine chinoise, prochaine victime des académiciens ?

Après l’homéopathie, c’est à l’acupuncture et à la phytothérapie chinoise, que deux institutions européennes – le Conseil scientifique consultatif des académies européennes (EASAC) et la Fédération des académies européennes de médecine (FEAM) – ont décidé de s’attaquer. Cela suite à la révision à laquelle a récemment procédé l’Organisation mondiale de la santé, de son outil de classification des maladies, appelée ICD-11, notamment en y ajoutant un chapitre consacré à la médecine traditionnelle chinoise. Selon ces deux instances, cette décision de l’OMS serait justifiée, car la plupart des pratiques de la MTC n’ont pas été validées scientifiquement, c’est-à-dire fondées sur des preuves.

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Leur utilisation depuis plus de deux millénaires ne serait, de ce point de vue, en aucun cas une preuve d’efficacité. Ces collèges de scientifiques craignent que la MTC bénéficie d’une prise en charge par les organismes de sécurité sociale tout en causant un retard de mise en route de « véritables traitements » ; la même rhétorique utilisée avec succès pour dérembourser l’homéopathie en France et dans de nombreux pays. En outre, ils avancent que les études qui ont été jusqu’ici été menées pour justifier l’efficacité de certaines branches de la MTC souffrent des défauts méthodologiques et de biais… Contrairement aux médicaments pharmaceutiques qui, comme chacun le sait, subissent des tests d’efficacité irréprochable … Mais de qui se moque-t-on  ?!

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Durant ce temps, la Chine finance de plus en plus de formation à la MTC dans le monde, notamment au Laos et en Thaïlande. De fait, cette légitimation nourrit des luttes politiques et économiques dans un secteur en pleine croissance ! La Chine finance aujourd’hui des milliers de programmes de formation à la MTC, comme des sessions de perfectionnement : « Si on veut faire de la médecine chinoise aujourd’hui, c’est facile de trouver une bourse » confirme le dr. Lin Shi Zhi, chef du service de MTC à l’hôpital de Bangkok. Les enjeux économiques sont importants : la Chine exporte près de 3 milliard d’euros de produits de MTC tous les ans.

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